Crozon. — Nous donnons ci-dessous le texte du discours prononcé par M. Duval, sous-préfet de Châteaulin à la distribution des prix aux élèves des écoles de Crozon :
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Ah ! je le sais, en imposant pour tous le devoir et l'obligation de s'instruire ; en décrétant que l'instruction primaire serait donnée gratuitement à tous les enfants du peuple, le gouvernement de la République a imposé de ce fait, - moins que personne je puis l'ignorer, des charges nombreuses et souvent très lourdes. Ces écoles qu'on a élevées partout sont notre orgueil à nous républicains et partant hommes de progrès.
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« Pour assurer à tous et gratuitement l'enseignement primaire, les communes, disais-je tout à l'heure, doivent faire face aujourd'hui à de lourdes dépenses.
S'il reste encore, nous le savons, quelques lacunes à combler, quelques améliorations que le défaut de ressources n'a point encore permis de réaliser à Crozon, beaucoup a été fait et je dois en remercier votre municipalité. Au lendemain d'une catastrophe dont j'ai encore personnellement le souvenir et dont la douloureuse impression n'est surtout point près de s'effacer dans les cœurs des habitants de Crozon, au lendemain d'un deuil épouvantable, la construction de ce vaste groupe scolaire où nous sommes aujourd'hui en fête, a été entreprise. Le nombre des enfants qui y sont reçus est aujourd'hui tellement considérable que l'administration a dû prier la municipalité de se préoccuper de son agrandissement dès que ses ressources pourront le lui permettre.
« En raison de l'énorme étendue de la commune de Crozon, des dépenses nouvelles se sont imposées pour permettre d'assurer la fréquentation scolaire.
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« Vos hameaux de Saint-Fiacre, de Saint-Laurent, de Saint-Hernot et de Kerloc'h ont été dotés d écoles. Ces deux dernières écoles ont dû, en raison du nombre élevé des élèves qui les fréquentent, être tout récemment dédoublées.
« Si je vous rappelle cette situation, ces résultats déjà obtenus, c'est afin de me donner l'occasion, Messieurs, d'en tirer les conclusions qui en découlent tout naturellement. Le nombre croissant des enfants qui fréquentent les écoles communales témoigne à votre municipalité combien les dépenses qu'elle a consenties pour la construction et l'amélioration de ses locaux scolaires répondait à un besoin urgent ; les résultats obtenus doivent être pour elle la meilleure récompense de ses sacrifices et un encouragement précieux pour réaliser ce qui peut être encore utile pour compléter cette œuvre.
« Cette nombreuse fréquentation m'amène ensuite à féliciter les parents de comprendre ce qu'on a appelé le « Devoir scolaire ». Que les mères de famille qui m'écoutent me permettent de leur rappeler que c'est à elles le plus souvent, dans cette commune où elles restent à la maison pendant que le père va au péril de sa vie arracher à la mer et disputer aux flots sa pêche qui doit assurer le pain de la famille, c'est à elles à veiller à ce que leurs enfants fréquentent assidûment et régulièrement l'école ; que celles-là manqueraient grandement à leurs devoirs qui ne feraient pas le nécessaire pour que leurs enfants apprennent aujourd'hui ce qui leur sera nécessaire demain pour devenir aptes à remplir le rôle qui doit leur échoir dans la société.
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