La tempête, que nous signalions dans notre dernier numéro, a causé des ravages bien plus importants encore que ne le faisaient supposer les premières dépêches reçues à ce sujet.
Pendant deux jours, la mer déchaînée a présenté un spectacle tellement terrifiant que les plus vieux marins ne se souviennent pas d'avoir jamais vu rien qui put approcher de cette grandeur tragique. Le raz-de-marée a dépassé en violence celui de 1896 tristement fameux. [...]
A Morgat, inondation complète dans la nuit de lundi à mardi.
Le quai, nouvellement construit, a été fortement détérioré.
Les pierres de taille ont été enlevées par d'énormes vagues et projetées à plus de 20 mètres de là.
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Un amoncellement de sable et de débris de rochers a fait barrage devant l'aqueduc servant à déverser les eaux des étangs dans la mer. La route a été coupée devant l'Hôtel Hervé; de la plate-forme de 20 mètres carrés servant à la pose des cabines de bains, il ne reste plus traces.
Les portes d'un chalet appartenant à M. le docteur Anner, de Brest, ont été défoncées et la villa a été envahie par l'eau. L'établissement de bains du Grand Hôtel Pia a eu également fort à souffrir ; de 18 grandes cabines, il en reste 7, toutes à demi-fracassées. La mer entière n'était qu'une vaste nappe d'écume qui, sous un clair de lune superbe, se précipitait, sur la côte avec un bruit formidable ; partout elle a laissé quantité de sable et de gros galets. |
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