L'Océan, de Brest, annonce qu'un affreux malheur a eu lieu dans la rade de Brest. Un petit bateau plat, remplaçant le bateau de service habituel, et se rendant de Quélern à Brest, a chaviré entièrement près de l'île Ronde.
L'embarcation n'était conduite que par le patron [Alavoine] et un jeune matelot ; il y avait huit passagers à bord : MM. Lemonnier, capitaine adjudant-major ; Nottet, capitaine ; Bassy, Benoît, sous-lieutenants, le caporal Renn, deux soldats et une marchande ambulante.
L'embarcation partit à dix heures et demie du matin de Roscanvel, et, après avoir viré deux fois de bord, arrivée à la hauteur de la pointe de l'île Longue, elle essaya de virer une troisième fois; la manœuvre, manqua pour n'avoir pas filé assez rapidement une écoute, et le bateau fut complètement chaviré.
Le caporal disparut, les autres passagers réussirent, ainsi que le patron et le matelot, à s'accrocher aux débris; la mer était très grosse, et à chaque instant ils étaient couverts par la lame.
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La femme, hissée sur la quille, qui, au premier moment, s'élevait à fleur d'eau, tint avec beaucoup de courage pendant environ une demi-heure; mais le bateau s'enfonçant petit à petit, la malheureuse fut enlevée par une lame, et après elle le patron, puis M. Lemonnier.
M. Bassy, sachant nager, quitta le bateau et se mit, à l'aide d'un aviron, à essayer de gagner le rivage. On ne put le suivre des yeux en raison de l'état de la mer.
Cinq passagers étaient donc restés sur l'embarcation renversée et enfoncée de près d'un mètre lorsque, après environ une heure et demie depuis l'instant du sinistre, l'aviso à vapeur l'Elorn, prévenu par un douanier de la côte, vint les sauver : M. Nottet, capitaine ; M. Benoît, sous-lieutenant, les deux grenadiers, le matelot. Ils reçurent à bord de l'Elorn les soins les plus empressés. On n'a pu retrouver M. Bassy. Dans ce sinistre, deux officiers, le caporal, une femme et le patron [Alavoine], père de six enfants, ont donc trouvé la mort. |
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