Pêche aux langoustes
On nous écrit de Camaret :
Depuis quatre mois, que les bateaux langoustiers sont désarmés, on n’a guère pêché de ces crustacés que par le moyen des filets, pêche faite aux environs de nos côtes et par de petits bateaux. Malheureusement la langouste est très rare sur la côte de Bretagne et il faut nécessairement s’aventurer sur les côtes étrangères. C'est ainsi que deux ou trois grands bateaux ont passé l'hiver sur les côtes du Maroc à Mogador ; le mauvais temps pendant les mois de novembre et décembre derniers a sévi continuellement et il leur a été impossible de travailler. Ce n’est qu’au mois de Janvier, cette année, qu’enfin ils ont pu faire une pêche assez fructueuse ; l’un d’eux, la Perle des Vagues, patron Alexandre Morvan, de notre port, est entré avec 900 kilos de langoustes et homards vendus 4 fr. 30 centimes le kilo ; un autre appartenant au port de Douarnenez est entré à Brest avec 1.100 kilos vendus 4 fr. 50 le kilo. La pêche la plus fructueuse a été celle du bateau En avant, patron Alexandre Morvan, qui, parti de Camaret le 24 janvier est retourné au bout de vingt huit jours, venant des côtes du Portugal avec 1.460 kilos de langoustes vendus 4 fr. 65 le kilo. A part le bateau Sourire, patron Lanvau, et l'Odette, patron Douguet, de notre port, qui se trouvent actuellement au Maroc, il n'y avait aucun langoustier d’armé que le bateau En avant.
|
Mais la pêche de celui-ci va faire presser le départ de toute notre flottille ; c'est ainsi qu’avant un mois les langoustiers de tous nos ports bretons seront en pêche, si le temps permet.
Une partie, les plus petits bateaux par exemple ne quitteront guère les côtes de France, soit l’Ile-de-Sein, soit Belle-Ile ou les côtes de Vendée. D'autres plus forts s’aventureront sur les côtes du Portugal, quelques-uns sur les côtes d'Angleterre, et enfin les plus grands bateaux exploreront les côtes du Maroc soit pour chercher la langouste rouge, ou la langouste verte. Celle-ci se trouve en grande quantité près de Dakar ; un seul bateau peut pêcher un millier par jour. La grande difficulté est la traversée qui est longue et par cela même, difficile à transporter ce poisson vivant jusqu'en Bretagne. De plus elle n'a guère de valeur vis à vis de la langouste ordinaire et cependant elle est aussi bonne.
On voit donc que la pêche aux langoustes prend de l’extension de jour en jour et qu'il faudra bientôt des bateaux de fort tonnage pour s'aventurer si loin. Certains pêcheurs comptent se risquer jusqu'aux Açores, sachant que les côtes de ces Iles sont abondantes en langoustes; la difficulté serait d’en bien connaître les fonds, mais ils ne désespèrent pas d'y arriver.
Un pêcheur. |
 |