Camaret
On nous écrit le 29 avril :
Aujourd'hui, nos sauveteurs sont en fête. Ils sont si souvent à la peine qu'ils peuvent bien être une fois à l'honneur.
Le 1er janvier dernier, à midi, nos pêcheurs se trouvaient réunis en famille autour de la table commune, fêtant joyeusement la nouvelle année.
Tout à coup, une rumeur se produit; des clameurs de détresse se font entendre : des marins sont en danger, vite du secours, il est temps !
La tempête régnait avec une extrême violence.
Une chaloupe de Douarnenez, la Madone des rivages, montée par six hommes, arrivait désemparée, cherchant un refuge. Ne pouvant gouverner pour rentrer au port elle mouillait l'ancre sous le cap Trémel pour éviter d'aller à la côte.
Le péril n'en était pas moins grand ; d'une minute à l'autre, le câble pouvait manquer et c'en était fait du sort de l'équipage.
En un clin d'œil, chacun est à son poste, prêt pour le dévouement.
Malheureusement, la mer est basse et il faut rouler le bateau de sauvetage sur un parcours de 6 à 700 mètres pour pouvoir le mettre à l'eau.
A ce moment, et pour relever le courage des malheureux qui attendent anxieux, ballottés furieusement par les vagues, un patron pêcheur, secondé par quatre courageux citoyens, saute dans son bateau de pêche et, au mépris du danger, peut se rendre jusqu'au bateau en perdition. Peu après, le canot de sauvetage accueillait les hommes. La mer comptait six victimes de moins.
Dans son numéro du 26 courant, la Dépêche a donné les noms de ces héros et indiqué les récompenses décernées par la Société centrale de sauvetage des naufragés. Elles ont été remises à la salle Sévellec.
M. de Muller, commissaire de l'inscription maritime, a tenu à rehausser l'éclat de la cérémonie.
|
La coquette petite salle du café du Commerce avait été absolument transformée ; les guirlandes de verdure se mariaient agréablement aux trophées de drapeaux français et russes.
Le pavillon de nos canotiers sauveteurs, portant la belle devise : Virtus et spes, ainsi que le pavillon de la Garantie, étaient à la place d'honneur.
Des attributs de sauvetage, trois canons porte-amarre, avirons, bouées, etc., avaient aussi trouvé leur place dans la décoration.
A six heures, la salle était envahie par un public nombreux, heureux d'acclamer les héros de la journée.
Remarqué sur l'estrade d'honneur, parmi les autorités civiles et militaires, deux vieux sauveteurs, MM. Raoul, la poitrine garnie de médailles, et Meillard, chevalier de la Légion d'honneur, qui a été pendant 26 ans patron du canot de sauvetage.
M. le commissaire a prononcé une allocution qui a profondément ému l'assistance. Le défilé des sauveteurs a commencé ensuite.
MM. le maire et le recteur de Camaret ont adressé quelques paroles encourageantes à nos braves marins, et la première partie de la fête a pris fin.
Un bal a clôturé cette bonne journée.
En terminant, répétons la phrase qui était aujourd'hui sur toutes les lèvres : « Honneur aux braves ! »
|
 |