Réunion du comité départemental
Quimper, 9 février.
Le comité départemental de secours pour les pêcheurs de sardines et ouvriers d'usines, sans pain ni feu, s'est tenue aussitôt après la séance extraordinaire du conseil général, dont nos lecteurs trouveront le compte rendu plus loin.
La séance est ouverte à 2 h. 1/4.
M. de Kerjégu préside, assisté de MM. Cothereau, trésorier, Hesloin, secrétaire.
Tous les conseillers généraux, plusieurs commissaires de l'inscription maritime, de nombreux maires des communes du littoral sont présents.
M. Hesloin donne lecture du rapport de la dernière séance. (Adopté.)
[...]
Jusqu'ici, il a été attribué 100.000 fr. dans le Finistère et 2.000 fr. dans le Morbihan, cette dernière somme ayant été adressée à M. le commissaire de l'inscription maritime de Lorient, sur la demande formellement exprimée par l'amiral Pottier, commandant l'escadre de la Méditerranée.
Il s'agit, aujourd'hui, de procéder à une nouvelle répartition.
Le dévoué secrétaire, M. Hesloin, a donc, sur la demande du président, dressé un état des sommes à distribuer, en tenant compte du principe qui a inspiré la première répartition et des imperfections qui ont été signalées et qui ont eu pour but de léser certaines communes, si l'on peut ainsi s'exprimer.
Voici quelles sont les propositions de sommes à répartir :
Camaret, 3.603 fr. ; Crozon, 3.960 fr.; Douarnenez 21.120 fr.; Tréboul, 7.350 fr.; Ploaré, 3.180 fr.; Pouldergat, 960 fr.; Audierue, 6.400 fr.; Plouhinec, 5.990 fr.; Plozévet, 1.840 fr.; Pont-Croix, 330 fr.; Esquibien, 1.380 fr.; Penmarch, 4.620 fr.; Le Guilvinec, 4.680 fr.; Treffiagat, 1.416 fr.; Lesconil, 1.380 fr.; Loctudy, 5.400 fr.; île Tudy, 2.300 fr.; Sainte-Marine, 370 fr.; Bénodet, 185 fr.; La Forêt, 636 fr.; Concarneau, 16.300 fr.; Beuzec Conq. 4.336 fr.; Lanriec, 4.590 fr.; Trégunc, 3.820 fr.; Névez, 2.400 fr.; Nizon, 200 fr.; Riec, 1.380 fr.; Moëlan, 3.000 fr. ; Clohars Carnoët, 480 fr. [...]
Après cet exposé général, on passe au vote pour chaque souscription.
Au sujet de la souscription à allouer à Camaret et de la somme de 10.000 fr., produit de la représentation du théâtre Antoine, M. Delobeau pense qu'il aurait été bon de centraliser les renseignements sur les dons faits aux communes par des personnes étrangères au comité départemental de secours.
De cette façon, on ne courrait pas le risque de donner à qui aurait déjà reçu, en laissant sans secours des familles daus le besoin.
M. de Kerjégu répond que peu importe d'où viennent les dons. Le comité exprime simplement le vœu que les municipalités ne distribuent pas des secours deux fois.
Mais si les donateurs ne veulent pas renseigner le comité, il n'y a aucun moyen d'agir sur eux.
M. Delobeau. — Je ne prétends pas que vous puissiez les contraindre ; je pensais que vous pourriez avoir des renseignements.
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M. Le Bail. — S'il convient à une personne de réunir 10.000 francs et de l'appliquer à une œuvre de mutualité, cela ne nous regarde pas.
M. Hémon. — Cela nous regarde par un certain côté. Cette somme vient des souscripteurs, auxquels on n'a pas dit qu'on l'appliquerait à une œuvre spéciale.
M. Le Bail. — Nous avons voulu faire la distribution avec impartialité et nous persévérerons dans cette manière de voir jusqu'à la fin, sans nous laisser détourner par des considérations politiques ou étrangères quelconques.
M. Delobeau. — M. Le Bail parle de questions politiques ; il n'en existe pas. Trouverait-il juste qu'une commune qui aurait reçu 10.000 francs reçoive autant qu'une autre à qui on n'a rien donné ?
M. de Kerjégu rend hommage aux bons sentiments de MM. Delobeau et Le Bail et dit : « Nous poursuivons une œuvre d'équité; nous continuerons, forts de notre conscience, comme nous avons fait jusqu'ici. Si nous donnons trop à quelques-uns, du moins aurons-nous donné à tous. »
M. Delobeau. — L'équité commande de donner autant à chacun, d'où que les secours viennent.
M. de Kerjégu. — Il faut trancher la question par un vote.
Le comité décide de ne rien changer au mode de répartition, qui est le suivant : on se base sur les renseignement fournis par les commissaires de l'inscription et par les maires. On accorde six francs à chaque famille nécessiteuse comprenant cinq personnes ; le nombre des familles multiplié par six donne le montant de l'allocation.
A propos de la subvention accordée à Crozon, M. Louboutin se plaint vivement de ce que la somme ne soit pas en rapport avec le nombre des inscrits nécessiteux et demande un relèvement de crédit.
M. de Kerjégu. — Je pense, monsieur le maire, que vous avez reçu plus de dons particuliers que vous ne voulez le dire. (Rires.)
Le chiffre est maintenu. [...]
M. de Kerjégu. — Je suis convaincu que la répartition que nous fixons produira le meilleur effet.
« Mais je ne voudrais pas que cette idée de solidarité, de charité, aboutît à un but tout autre que celui que nous visons.
« Je ne voudrais pas que les gens de chez nous, parce qu'il a été souscrit des centaines de mille francs, s'imaginassent qu'ils en trouveront autant à brève échéance ; je ne voudrais pas que la mendicité prît la place du travail.
« Vous vous êtes trouvés en présence d'une calamité exceptionnelle, et on y a opposé une charité exceptionnelle comme remède.
« Vous ferez, messieurs, œuvre bonne, en disant aux gens que vous soulagez que ce n'est pas un secours que vous leur donnez, que les souscripteurs leur donnent, mais un encouragement au travail. »
(Applaudissements. Très bien !) [...]
La prochaine séance du comité aura lieu dans les premiers jours d'avril. |
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