Camaret
Distribution de secours. — On nous écrit : « La misère étant, cette année, au moins aussi cruelle que l'hiver dernier, le comité départemental de secours s'est vu dans l'obligation d'intervenir de nouveau pour empêcher nos malheureuses populations côtières de souffrir de la faim.
« Grâce à lui, la subsistance de tous est encore une fois assurée.
« Très sagement, pour couper court aux abus, il avait préconisé la distribution, sous forme de soupes chaudes, des secours qu'il mettait à la disposition des comités locaux.
« Presque nulle part, cependant, pour des raisons qui nous échappent, ce désir n'a pu être réalisé, mais, à Camaret, le comité s'est résolument mis à l'œuvre, sans s'effrayer des difficultés d'une pareille tâche, et le succès le plus complet a couronné ses efforts.
« C'est merveille de voir avec quel ordre, quelle méthode, se distribuent les 1.100 rations qui sortent chaque jour du fourneau économique provisoire.
« De plus, trois cents enfants de nos écoles, pour lesquels des réfectoires ont été aménagés, y trouvent en abondance une nourriture saine, bien préparée et infiniment supérieure au pain sec qui était leur lot l'an passé.
« On me donnait bien du pain, me disait un pauvre vieux soudeur, mais je n'avais ni feu ni graisse ! C'est bien mieux cette année-ci. »
« Cette installation a bien fait quelques mécontents ; où trouver une médaille sans revers ? Ceux, en effet, qui, tout en se trouvant dans une situation un peu gênée, ne manquent pas de pain et ne courent, en aucune façon, le risque de souffrir de la faim, regrettent le bon de pain si discret qui constituait un véritable compte ouvert chez le boulanger ou... ailleurs.
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« Mais comme il est absolument certain que ce ne sont point ceux-là qu'ont eu en vue les souscripteurs apitoyés sur le sort des Bretons sans pain ni feu, le comité ne s'en est pas préoccupé. On ne peut que l'en féliciter. Il s'est borné, comme il le devait, à rechercher, pour les porter d'office sur sa liste d'indigents, les quelques véritables pauvres qu'une fausse honte avait empêchés de venir postuler à la mairie.
« Une fois de plus, notre administrateur de l'inscription maritime, M. Potigny, notre excellent maire, M. Férec, et son adjoint, M. Keraudren, ont, avec l'aide de leurs collaborateurs pêcheurs et usiniers, fait preuve de l'intelligent dévouement qui leur est habituel et qu'ils mettent toujours sans compter à la disposition d'une population dont la reconnaissance, leur est acquise.
« Mais malgré leur zèle, leur activité et leur esprit d'organisation, il leur eut été difficile de réussir aussi brillamment, si de nombreuses dames et jeunes filles, appartenant aux familles les plus notables de la commune, et notamment Mme Le Coz, institutrice, n'étaient venues apporter gracieusement leur contribution à l'œuvre, en servant chaque jour les nombreux enfants qui leur sont confiés.
« Qu'elles acceptent notre tribut de profonde gratitude.
« Un spectateur quotidien des distributions » |
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