CROZON
Les Pupilles de la Nation de Crozon ont eu, aussi, leur arbre de Noël. Nos braves poilus, dans les banquets organisés pour fêter la Victoire et le retour au foyer avaient eu la bonne pensée de faire une collecte en faveur des orphelins de guerre et c'est avec le produit qu'a été organisée la fête familiale de Noël. Elle a eu lieu le dimanche 28, à 3 heures de l'après-midi, dans la vaste et splendide salle de l'hôtel Moderne, mise gracieusement par M. Gaonac'h à la disposition des organisateurs. Aux côtés de M. Rousseau, président du comité des combattants et de ses collègues du bureau, se tenaient les autorités de la commune, le comité des Pupilles de la Nation et les dames déléguées de la Fraternité franco-américaine.
Cent cinquante orphelins, accompagnés de leurs mères, ont répondu à l'appel du comité d'organisation, venus quelques-uns de fort loin, malgré la pluie et le mauvais état des chemins. Les pauvres petits sont enthousiasmés par la vue du pin magnifiquement décoré de petits drapeaux aux couleurs des alliés, et surchargé de jouets et d'oranges. Leurs visages s'épanouissent de joie à l'idée que toutes ces belles et bonnes choses, ces drapeaux, ces jouets, ces friandises leur sont destinés.
Mme Pléven tient le piano, accompagnée par M. Pléven, elle ouvre la fête par la Marseillaise que toute la salle écoute debout. M. Daniel, président de la section cantonale des Pupilles, prend la parole pour dire aux mères et aux enfants à qui ils doivent de fêter si joyeusement la Noël. Les poilus, rentrés au foyer, ont voulu que les enfants de leurs malheureux camarades disparus puissent participer eux aussi à la joie générale et, à leur intention, ils ont organisé la fête familiale d'aujourd'hui.
|
Il loue les braves poilus de leur délicate attention et félicite les organisateurs d'avoir si bien fait les choses. L'empressement des familles a répondu à leur appel, ajoute-t-il, et la joie qu'ils lisent sur tous les visages les récompense amplement de leur excellente initiative.
Au nom du comité des Pupilles de la Nation, il remercie les généreux donateurs qui ont assuré le succès de la fête, particulièrement M. Guilmot, commerçant de Brest, qui a offert un joli jouet pour chacun des 150 orphelins de guerre de la commune. Il remercie aussi les organisateurs, les autorités locales, tous ceux qui, à un titre quelconque, ont contribué à donner de l'éclat à cette fête de famille. M. Daniel ajoute quelques mots, en leur langue maternelle, aux petits Bretons de la campagne, trop jeunes encore pour fréquenter les écoles. II leur dit de se souvenir des bienfaiteurs auxquels ils doivent tous ces braoigou, ces madigou, et leur recommande de se montrer dignes de leurs pères en travaillant et en servant la France comme ceux-ci l'ont servie. M. Bott lit ensuite une pièce de vers de sa composition ; cette poésie, toute de circonstance, est écoutée dans un profond recueillement. Puis, c'est le défilé pour la distribution des jouets et des friandises. La joie des enfants est débordante ; c'est plaisir de les voir reprendre leurs places, les mains trop pleines et appelant les mamans à leur aide.
Belle et touchante manifestation de solidarité, dont on parlera longtemps dans les chaumières les plus reculées de la presqu'île. |
 |