On recueille, à Landévennec, une bouteille contenant un message signé : « Nungesser & Coli »
Châteaulin, 10 mai.
Il y a un an exactement, après une nuit de fièvre et d'enthousiasme, Nungesser et Coli serrèrent une dernière fois la main de leurs amis et l'« Oiseau Blanc » les emporta sur ses ailes hors de la terre de France, qu'ils ne devaient plus revoir. On se souvient de l'attente nerveuse, des fausses nouvelles, de l'enthousiasme, puis du doute, de la peur, et enfin du tragique silence... Depuis, toute tentative a été vaine pour retrouver trace des hardis aviateurs.
L'océan vient-il de dévoiler son secret ? A l'heure où, dans un souvenir pieux et ému, la France et l'Amérique viennent d'élever aux premières victimes de la traversée, et aussi au premier vainqueur, ce monument du Bourget ; à l'heure où chacun se rappelle ces minutes d'angoisse, est-il rien de plus troublant que cette trouvaille que vient de faire, à Landévennec, un marin breton ?
Le 4 mai dernier, vendredi après-midi, un marin, M. J.-P. Le Bihan, de Go[rrek]êr, à Landévennec, trouva, près de la « Cale du Bord », une bouteille dite champenoise, contenant un billet. Bien vite, il s'en fut remettre sa trouvaille au maire de la commune.
Non sans émotion, celui-ci, ouvrant le précieux flacon, en sortit une vieille feuille de carnet quadrillé, semblant arrachée à la hâte, toute jaunie et rongée par les eaux, sur laquelle il lut ces mots à demi effacés :
S.O.S. PERDUS TERRE-NEUVE
NUNGESSER
COLI
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Le maire de Landévennec s'empressa de porter ce billet à M. Dauban, sous-préfet de Châteaulin. M. Dauban se rendit aussitôt auprès de M. le préfet à Quimper pour lui faire part de cette découverte.
Il semble que ce billet puisse être l'œuvre d'un fumiste. Cependant il n'est pas impossible que les malheureux aviateurs en soient les auteurs.
Comme nous le disons plus haut, le billet semble avoir séjourné très longtemps dans l'eau. Bien que bouchée par un bouchon de liège, la bouteille avait pris un peu d'eau et le billet en était tout jauni. Il est difficile de dire avec quoi le billet a été écrit. Il semble pourtant que ce soit avec une allumette brûlée et éteinte, plutôt qu'avec un crayon.
Pour le moment, il faut certainement faire toutes réserves sur l'authenticité de ce billet. Peut-être saura-t-on si Nungesser et Coli avaient sur eux un carnet quadrillé et du format de la feuille. Des experts en écriture pourront peut-être dire par comparaison si les lettres peuvent avoir été tracées par les aviateurs. L'examen de la bouteille pourra peut-être donner une indication...
Notons toutefois que la bouteille est une champenoise, et que Nungesser et Coli avaient emporté du Champagne...
Quoi qu'il en soit, M. le préfet du Finistère va transmettre le précieux papier au ministre de l'Aéronautique, qui fera toutes démarches et toutes expertises nécessaires. |
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