LA CRÉATION DU CENTRE AÉRONAUTIQUE LANVÉOC - POULMIC
[...] Dans la vaste baie du Poulmic, entre la pointe de Pen ar Vir et celle de Lomergat, l'entreprise Theg (travaux hydrauliques et entreprises générales) a, depuis les premiers jours de janvier, sérieusement entamé la tâche qu'elle a reçu mission d'accomplir. [...]
Trois cent cinquante mille mètres cubes de déblais de terre et de roc à extraire et transporter ; 30.000 mètres cubes de déblais de roc en souterrain, 200 000 tonnes de gros et petits enrochements à exécuter, 2.000 mètres cubes de béton armé, 10.000 mètres cubes de gros béton, telle est l'œuvre qu'il convient d'effectuer en 48 mois.
L'anse du Poulmic comporte une lagune qu'il faudra presque totalement combler. On doit tout d'abord bâtir sur enrochements un quai de 140 mètres de long prolongé par une digue-abri fondée sur caissons de 150 mètres.
Puis le port se constituera, tout d'abord sur une longueur de 700 mètres et une largeur de 100 mètres en avant du littoral, d'un terre-plein bétonné d'où partiront trois épis porteurs à leur extrémité de grues de 15 et 30 tonnes et trois slips de 100, 110 et 120 mètres allant de la cote + 8,50 à la cote — 1,00.
En arrière, de nouveaux terre-pleins, dont la longueur variera de 150 à 250 mètres. Ils seront creusés dans la falaise ou bâtis sur la lagune. Là seront édifiés les hangars et les ateliers. Aux abords de la jetée, placées en souterrains, les soutes à essence pourront contenir d'énormes réserves.
Cette même jetée se trouvera desservie par une voie ferrée qui longera hangars et ateliers, atteindra l'extrémité est du terre-plein, puis montera vers Lanvéoc pour traverser le plateau qu'on doit aménager en aérodrome. Ce plateau, situé à la cote +80, n'a pas moins de trois kilomètres 600 de long et deux kilomètres de large.
Dès le début de janvier, l'entreprise Theg construisait, à l'ouest des ouvrages projetés, une longue estacade qui allait lui permettre de recevoir par mer le matériel considérable qu'elle doit utiliser.
|
Aujourd'hui, à mi-côte de Lanvéoc, se dresse un village formé par les baraquements qui abritent une courtine, les bureaux, les logements du personnel, etc.
Sur le vaste chantier où s'empilent poteaux de mine et madriers, deux pelles à vapeur halètent, plongent leur benne dans le flanc du coteau et virevoltent satisfaites tandis qu'une locomotive s'empanachant de fumée, siffle et s'ébranle, entraînant à sa suite une longue file de wagonnets.
Cette fois, on ne peut plus douter de la réalisation du projet Lanvéoc-Poulmic. Sur la grève, parallèlement à l'estacade, part la base de la future jetée. Plus loin, on équipe une centrale de 300 chevaux.
Et devant ce magnifique plan d'eau, admirablement abrité des vents régnants par la pointe de Pen-ar-Vir, on comprend mal que l'administration maritime ait, un moment, renoncé à son utilisation. Là des hydravions géants seront à l'aise et pourront évoluer en toute sécurité.
Quant à l'aérodrome que va faire aménager le ministère de l'Air pour compléter ce centre mixte, il est d'une telle étendue qu'il pourra faire face à toutes les nécessités. Comme sur d'autres aérodromes, l'aviation civile et l'aviation militaire pourront s'y développer parallèlement sans se confondre. Car il fut entendu, lors de rétablissement du projet, que l'aviation civile trouverait également place sur le plateau de Lanvéoc.
C'est ce qui fit dire à M. Leygues : « J'ai décidé d'installer à Lanvéoc-Poulmic le futur centre de Brest, que les services publics pourront utiliser dans des conditions qui seront à déterminer ultérieurement. »
Et cela doit être un précieux encouragement pour tous ceux qui poursuivent le développement de notre aviation.
Ch. LÉGER. |
 |