CAMARET
On attend des renseignements sur le Russe recueilli en Manche
C'est une histoire qui parait assez étrange que celle de ce jeune Russe recueilli en pleine Manche par le patron Louis Goyat, du langoustier Longships, de Camaret.
Résidant à Londres, où il s'était réfugié, et se trouvant sans travail il avait, avec la belle confiance de ses 19 ans, détaché tout simplement un canot dans l'espoir de gagner la France à l'aviron. La carte qu'il avait consultée ne lui révéla sans doute pas une très grande distance et, fier de la puissance de ses muscles, il crut pouvoir mener aisément son entreprise.
On sait le reste. Les courants, sur lesquels il n'avait pas compté, le déportèrent et, exténué, étendu au fond du canot, il n'avait pas mangé depuis six jours lorsque les langoustiers camarétois le rencontrèrent par hasard et lui donnèrent des soins.
Ramené à Camaret, il fut mis en présence de M. Saix, administrateur de la marine. Interrogé, il fit, dans un mauvais anglais, le récit de son équipée. Comme il disait avoir vécu à Dantzig pendant douze ans, M. Saix voulut poursuivre l'interrogatoire en allemand et il eut la surprise d'entendre l'inconnu déclarer qu'il ignorait totalement cette langue.
Sur lui, on trouva un passeport périmé au nom de Arthur Sztejke, sujet russe, et il soutint que ce nom était le sien.
Nous avons déjà dit qu'il prétendait avoir habité 46, Lane Street, à Londres, et que, renseignements pris, cette indication avait été reconnue fausse. C'est pourquoi on décidait de le garder en surveillance à la mairie de Camaret, en attendant les renseignements demandés à l'ambassade parisienne.
|
Ceci n'était pas du goût du personnage qui, prétextant le besoin de sortir, en profita pour prendre la fuite. Evidemment, cela n'était pas fait pour donner confiance en ses déclarations.
On s'empressa de téléphoner au Fret pour, le cas échéant, lui interdire l'accès du vapeur qui fait le service de la rade et on entreprit une battue aux environs.
Le fuyard ne s'était guère éloigné et on le retrouvait à environ un kilomètre de Camaret. Il était aussitôt reconduit au violon municipal.
Depuis cette nouvelle escapade, il manifeste une grande docilité. On ne sait encore à Camaret quel sort lui sera réservé. On y attend la décision qui sera prise par M. le préfet du Finistère lorsqu'il aura obtenu les renseignements demandés.

|
 |