Tragique télescopage sur la ligne de Châteaulin à Crozon
ON COMPTE QUATRE MORTS ET HUIT BLESSÉS
Châteaulin, 24 avril.
Un terrible accident s'est produit jeudi soir sur la ligne Châteaulin-Crozon, à un kilomètre environ de la gare de cette dernière localité.
Une machine haut-le-pied, pilotée par le mécanicien Louis Le Roux, quittait Crozon à 19 heures, en direction de la station de Tal-ar-Groas, où devait se former un train ouvrier qui part régulièrement de cette localité pour Châteaulin.
Plusieurs ouvriers prirent place sur cette machine, qui démarra et entra peu après en collision, dans une courbe, avec un train de marchandises venant de Châteaulin.
Le choc fut effroyable. Les deux locomotives entrèrent l'une dans l'autre.
Deux hommes furent littéralement broyés. Il s'agit de M. René Salaun, célibataire, 32 ans, et M. Jean Mével, également célibataire, âgé de 33 ans, demeurant tous deux à Plonévez-Porzay.
Plusieurs des hommes qui se trouvaient sur la machine haut-le-pied avaient sauté sur le ballast quelques secondes avant le télescopage, et les blessés étaient nombreux.
Les secours furent immédiatement organisés par M. le chef de gare de Crozon, qui fit appeler M. le docteur Jacquin.
Ce praticien et un médecin militaire allemand donnèrent les premiers soins aux victimes, qu'ils firent transporter d'urgence, par une ambulance militaire, à l'hôpital de Douarnenez.
Deux des blessés graves : M. Joseph Thomas, chef de train, demeurant à Carhaix, et M. René Mazéas, ancien gendarme, retiré à Telgruc, succombèrent dans la nuit.
LES BLESSES
Voici les noms des blessés qui se trouvaient encore hier en traitement à l'hôpital de Douarnenez :
M. Louis Le Roux, mécanicien;
M. Philippe Tromeur, chauffeur, père de 4 enfants;
M. Louis Ecale, mécanicien, demeurant à Camaret;
M. David Tilly, chauffeur;
M. Guillaume Jacq, 47 ans, surveillant de la voie, rue de la Gare, à Châteaulin;
M. Pierre Guidou, célibataire, Grand' Rue, à Châteaulin;
MM. Jean-Marie Hischer, rue de la Gare, à Châteaulin, et Yves Kervern, de Dinéault, auxiliaires des chemins de fer, blessés superficiellement, ont pu quitter l'hôpital hier et rentrer chez eux dans l'après-midi.
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Les blessés les plus grièvement atteints ont été opérés la nuit même de l'accident par M. le docteur Minet, assisté du docteur Jacquin.
Trois d'entre eux paraissent hors de danger.
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La rencontre de la machine haut-le pied et du train de marchandises s'est produite dans une pente, à un endroit où la voie forme une courbe très prononcée. C'est la raison pour laquelle les mécaniciens ne purent éviter l'accident. Nous adressons nos vives condoléances à toutes les familles éprouvées par ce tragique télescopage et nos meilleurs vœux de rétablissement aux blessés.

Dépêche du 27/04/1942 |
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