Crozon. — Sauvetage émouvant. — Le cap de la Chèvre, sur le plateau duquel, dit la légende, s'élevait autrefois la grande ville d'Is, est toujours visitée par les touristes qu'attire la renommée de ce point de la côte.
Dimanche dernier, vers les 5 heures du soir, l'un d'eux, M. Louis Moulin, voulut descendre sur la grève et visiter les grottes où s'engouffre la mer montante, lorsqu'il fut surpris dans son excursion par la marée. Ne pouvant regagner un point d'atterrissement sans risquer d'être noyé ou emporté par le flot, le malheureux touriste se mit en devoir d'escalader la falaise, d'une hauteur à pic de 70 mètres environ au-dessus de la grève.
Mais au bout d'un moment il dut s'arrêter, cramponné à la roche, le terrain s'ébranlant sous ses pieds et n'osant plus, pris de vertige, ni monter ni descendre.
Heureusement un pêcheur, Jean Boucharé, de Rostudel, l'avait aperçu et pendant que les personnes présentes impuissantes à aviser, se répandaient en lamentations, il informait le chef guetteur du sémaphore, Gouarin, qui arrivait bientôt avec des cordages, accompagné du guetteur Cosquer.
Penchés sur l'abîme, ils encouragèrent M. Moulin et lui jetèrent la corde, qu'il parvint à saisir et à s'enrouler autour du corps.
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C'est ainsi qu'avec un admirable sang-froid et une grande habileté de manoeuvre, les deux braves guetteurs parvinrent à remonter le touriste en mortel péril.
Nous demandons pour eux et particulièrement pour Gouarin, dont la belle conduite lors du naufrage de la Gallia, à l'île Molène, fut remarquée et signalée, la distinction à laquelle chacun d'eux a droit.
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