Brest, 6 décembre. — La politique du « bloc » a envahi les prétoires, de telle sorte qu'il suffit d'avoir, des sentiments religieux pour se voir dénier toute justice. M. l'abbé Le Bras, curé de Camaret, vient d'en faire une fois de plus la triste expérience.
Ayant été vilipendé dans une série d'articles de l'Action, le digne prêtre avait demandé réparation au tribunal de Châteaulin.
Ses intérêts avaient été soutenus par M. de Chamaillard, l'éminent sénateur du Finistère qui réclamait 2.000 francs de dommages-intérêts et cinq insertions du jugement dans les journaux du Finistère.
La cause était simple: M. l'abbé Le Bras avait été tout simplement accusé d'avoir soulevé les Camarétois pour faire assassiner deux Anglaises, venues en villégiature et qui n'accomplissaient pas leurs devoirs religieux.
|
A la grande stupéfaction du public le procureur s'était constitué le défenseur de l'Action et avait demandé que le tribunal se déclarât incompétent.
Les juges de Châteaulin ont adopté cette thèse. MM. Bérenger et Charbonnel, gérants de l'Action, et Laurent Tailhade, signataire des articles contré l'abbé Le Bras qui n'étaient pas venus devant le tribunal, sont déclarés indemnes.
C'est le diffamé qui paiera les dépens de l'instance.
Le tribunal lui donne, il est vrai, la ressource de traduire MM. Bérenger et Charbonnel devant la cour d'assises.
Nous croyons savoir qu'il en usera et que ses adversaires auraient tort de triompher, car il est à prévoir que le jury estimera qu'il existe encore une justice, même pour des prêtres.
De V... |
 |