Samedi 21. — Bonne promenade en canot ce matin.
Après avoir remonté au plus près jusqu'à l'île Longue, nous rangeons grand largue toute la côte depuis Le Fret jusqu'à Lanvéoc.
Appareillage à la voile vers onze heures pour remonter vent arrière la rivière de Landévennec. Par le travers des roches Bindes nous rentrons notre voilure, car le chenal devient sinueux et sur certains alignements le vent gênerait.
Voici la pointe de Landévennec; nous donnons du tour et nous nous présentons devant le mouillage des bâtiments en réserve.
C'est une oasis : couvrant la côte escarpée, de hautes sapinières descendent jusqu'à l'eau bleue et l'odeur chaude de l'été dans les bois arrive jusque sur la rivière qui miroite, noyée de soleil. Le Magellan, le Tourville, le Duquesne et l'Aréthuse semblent dormir, immobiles, dans la lumineuse transparence de midi.
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Il nous est impossible de descendre à terre; nous ne verrons pas le tombeau du roi Gradlon, ni la statue de saint Corentin. Enfin !... Il faut être à quatre heures le long du Borda pour embarquer les derniers groupes.
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Les derniers camarades embarquent vers quatre heures et demie, nous sommes au complet : qu'il fera chaud ce soir dans le poste où nous serons serrés comme des sardines!
Le Bougainville reste au corps-mort. Ce soir les couleurs seront commandées par le major et la garde composée d'élèves : ainsi le veut la tradition. Il n'y a pas à dire, on a beau avoir déjà vu cela, quand soi-même, en tenue n° 1, devant ses camarades au port d'armes, on commande pour la première fois : « Envoyez! » et que, dans le rose du soir, le pavillon tricolore descend lentement, salué par les clairons, on se sent un petit frisson sur la chair. |
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