[...] J'aurais voulu raconter les scènes émouvantes de cet incendie de Macao, où vous payâtes si généreusement de votre personne; de ce naufrage de treize navires, dont les équipages, composés de soixante-deux hommes, durent la vie au secours que vous leur portâtes dans une frêle chaloupe, malgré une effroyable tempête ; ou bien encore, car en restreignant ainsi mon sujet, il m'eût encore fallu faire un choix de ce sauvetage que vous opérâtes, le 27 janvier 1860, et dont j'emprunte le récit, non pas à vos confidences, mais au rapport de l'amiral Hamelin, consigné dans le Moniteur Officiel du 26 février suivant :
Le 27 janvier dernier, le brick Jules-César entrait en relâche à Camaret par une mer très grosse en faisant des signaux de détresse. Grâce à l'initiative intelligente de l'aide-commissaire de la marine, M. Falloy (Louis-Eugène), chargé de l'administration du sous-quartier d'inscription maritime de Camaret, ce bâtiment put être conduit en sûreté au fond du port, à l'aide du concours de neuf hommes dévoués.
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Trois jours après, le 30 janvier, M. Falloy s'est de nouveau signalé par son zèle, son dévouement et son intrépidité à l'occasion du naufrage, sur les rochers du Pouldu, du trois-mâts hollandais Maria-Elisabetha-Margaretha. A la nouvelle de ce dernier sinistre, M. Falloy se rend sur le théâtre de l'événement, amenant avec lui vingt hommes environ ; là il dirige les travailleurs, choisit le poste le plus dangereux, et avec cinq matelots dévoués parvient à arracher neuf Hollandais à une mort certaine. Roulé par la vague au milieu des roches, M. Falloy, blessé, court le risque de perdre la vie.
La belle conduite de cet aide-commissaire dans les circonstances que je viens de retracer, l'exemple qu'il a donné, le courage dont il a fait preuve me paraissent de nature à mériter une marque de la haute bienveillance de Votre Majesté, que je prie de vouloir bien revêtir de sa signature le décret ci-joint qui nomme M. Falloy chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur.
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