On écrit de Camaret (Finistère), le 7 février : Hier matin, vers quatre heures, le brick la Marie, du Légué, jaugeant 151 tonneaux, monté de onze hommes, capitaine Conan, venu de Brest, allant au Légué, avec un chargement de vin, d'eau-de-vie, de noir animal*, de sel et de morues, a fait côte à la pointe de Bérénec, à deux kilomètres sur la droite de Camaret, par suite d'une tempête de vents de nord-ouest.
Trois hommes avaient pu se sauver avec l'embarcation du bord, qui fut brisée en atterrissant. Deux autres réussirent à se sauver vers sept heures, au moyen d'une amarre disposée pour communiquer de terre avec le navire; mais bientôt la fureur des flots rendit cette chance de salut impossible aux six malheureux qui restaient à bord, au nombre desquels était le capitaine.
Quelques-uns essayèrent de se sauver. Vain espoir !... Ils ne pouvaient résister à la violence des brisans, et le navire, roulant à chaque lame qui balayait son pont, commençait à se démolir. Tout à coup le bateau de M. Lescop, la Marie,
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monté par huit hommes de Camaret, sous le commandement de l'un deux, M. Emile Le Dall, maître au cabotage, sort du port. Ces huit braves se dévouent pour arracher à une mort certaine les six malheureux naufragés restés sur le navire.
L'embarcation arrive dans les brisans ; la manœuvre s'exécute avec autant de bonheur que d'habileté, et les naufragés, profitant d'un moment favorable, s'élance l'un après l'autre dans les brisans ; ils sont recueillis au moyen d'une amarre de communication du bateau au navire. Chaque fois qu'un homme se jette à l'eau, les spectateurs sont saisis de crainte. Enfin, ils sont tous sauvés !
L'embarcation appareille et, vers onze heures, ils débarquent tous à Camaret. Peu de temps après, la mâture s'abat, le navire s'entr'ouvre, se brise, et les flots rejettent à la côte marchandises et débris. Plus de 200 fûts, en grande partie défoncés, des planches, des cordages et des débris du navire sont sur la plage au Vilioc'h Ven sous la Mort-Anglaise. (l'Océan) |
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