Un prétendant surveillé. Sous ce titre on lit dans la Patrie :
Morgat, 16 août. — On continue à ne s'entretenir, à Morgat, que de la prochaine arrivée de la famille d'Orléans, et les baigneurs, nombreux ici, se montrent très heureux d'avoir pour voisins, pendant quelques jours, Madame la comtesse de Paris, les princesses ses filles et son gendre, le duc d'Aoste, cousin du roi Victor-Emmanuel d'Italie.
Le gouvernement paraît craindre, comme déjà en 1900, que le duc d'Orléans ne soit au nombre des voyageurs attendus, et il a pris en conséquence, des mesures excessives de précaution.
J'ai vu successivement les trois grands hôtels de Morgat: l'hôtel Pia, l'hôtel de la Plage, l'hôtel Hervé : nulle part on ne sait rien au sujet de la date d'arrivée. Mais, on se montre des figures de policiers parisiens qui interrogent les hôteliers MM. Pia, Téréné et Hervé, qui assistent au débarquement des voyageurs arrivant de Brest ou de Douarnenez sur les vapeurs.
A table d'hôte, ces policiers affectent de lire les journaux, mais en réalité, écoutent ce que disent leurs voisins. J'ai interrogé le brigadier des douanes dont le poste est situé en face de la baie.
— Nous avons, m'a-t-il dit, reçu des ordres sévères de surveiller les débarquement de touristes au port du Fret et à Morgat. Les hommes échelonnés sur les côtes font bonne garde et, comme nous possédons la dernière photographie du prétendant, il lui sera bien difficile de mettre pied à terre sans être aussitôt signalé et arrêté.
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D'ailleurs, le chef du secteur, M. le commissaire Spécial Moërdès, doit venir demain ou après-demain de Brest, pour nous donner des instructions nouvelles.
Au Grand-Hôtel, M. Pia me dit que les princesses d'Orléans et le duc d'Aoste vinrent à l'hôtel en 1900 passer quinze jours.
Le commissaire de police de Javelle et un autre policier, déguisé en prêtre étaient également au Grand-Hôtel, et surveillaient la famille d'Orléans qui était arrivée venant de Douarnenez sur un vapeur loué par elle.
A l'hôtel de la Plage, M. Téréné déclare également qu'il logea à cette époque un commissaire qui surveillait nuit et jour la côte et qui recevait de nombreux rapports d'agents détachés au Fret et au port de Morgat.
Mme Hervé me confirme toutes ces déclarations.
On me fait remarquer, au cours de mon enquête, que le commandant du bataillon du 118e d'infanterie, caserné au fort de Crozon, et la gendarmerie ont reçu des ordres pour mettre à la disposition de la police, le nombre d'hommes nécessaires en cas de débarquement du duc d'Orléans.
Maintenant, celui-ci viendra-t-il ? That is the question. |
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