Parmi des ruines : l'escadre de débris.
Les membres de la commission ont passé la matinée en conférence à la préfecture maritime.
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A deux heures, les commissaires se sont embarqués à bord du contre-torpilleur Francisque et se sont rendus à Landévennec, station des navires en réserve, où se trouvent remisés tous les vieux sabots des escadres du Nord : vaisseaux en bois, déjà en demi-pourriture, antiques croiseurs cuirassés démodés, transports en décrépitude.
Cette escadre de débris est commandée par un lieutenant de vaisseau. Elle reste éternellement au mouillage dans un site très pittoresque et l'on s'est toujours demandé à quoi elle pouvait bien servir. Peut-être, est-ce pour en décider la suppression que la commission d'enquête s'y est rendue. [...]
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Elle a vu les vaisseaux, pour la plupart condamnés, qui forment l'escadre de réserve mouillée en ces solitaires parages : Formidable, Courbet, Guichen, Montcalm, Sfax. Ce dernier bâtiment est celui qui ramena Dreyfus de l'île du Diable en 1899. Il n'a plus servi à rien depuis.
Les parlementaires se sont bornés à visiter le Montcalm, vaisseau historique aussi, puisqu'il a porté le Président de la République en Russie. Cette escadre de Landévennec n'est guère intéressante, du reste, qu'au point de vue historique. C'est une sorte de musée des vieux serviteurs en acier et en bois, guettés par la vente prochaine aux enchères pour la démolition inévitable. Ces vieux rafiots comme on dit dans la marine, sont entretenus à grands frais par des équipages réduits qui vont faire là ce qu'ils appellent une campagne de béatitude. Au point de vue militaire, on n'a jamais su à quoi pourrait bien servir cette escadre démodée. [...] |
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