Un sauvetage en rade. — On nous écrit hier soir :
Monsieur le rédacteur,
Encore sous l'impression du sauvetage opéré aujourd'hui, en rade de Brest, par le bateau à vapeur la Marie-Louise, je m'empresse de vous en adresser la relation.
Ce matin, au moment où la Marie-Louise passait entre l'île Ronde et la pointe de l'Armorique, se rendant à Landévennec, un homme se baignait dans la passe. Comme cet homme paraissait bon nageur et que d'ailleurs il ne réclamait aucun secours, on supposa qu'il s'était déshabillé dans l'île, à quelques mètres de laquelle il se trouvait, et le bateau continua sa route.
Néanmoins, quelques passagers connaissant la violence du courant en cet endroit, remarquèrent avec effroi que le nageur se dirigeait vers la pointe où l'observaient et l'attendaient plusieurs de ses camarades. Dès lors ils ne le perdirent plus de vue et furent assez heureux pour apercevoir les signaux désespérés que firent, à un moment donné, les hommes restés à terre.
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Le capitaine Kerjean, aussitôt prévenu, vira de bord, avec l'assentiment unanime des passagers, et se dirigea vers le malheureux que le courant entraînait en rade et qui fut heureusement recueilli par le canot du bord et débarqué à la pointe.
Il n'était que temps, car cet imprudent baigneur, qui avait traversé la passe une première fois, sentait ses forces s'épuiser. Il a d'ailleurs déclaré lui-même qu'il se voyait f..ichu.
Inutile de dire qu'équipage et passagers furent chaleureusement remerciés et du naufragé et de ses camarades.
Dans la circonstance, on ne peut que louer le capitaine Kerjean, pour la rapidité et l'adresse avec lesquelles il s'est porté au secours du malheureux en danger de se noyer.
Il ne faut pas oublier non plus le matelot Pailler et un passager de bonne volonté qui, au premier avis, sautèrent dans le canot et contribuèrent ainsi au sauvetage.
Veuillez agréer, etc. |
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