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Le nouvel envoi de M. Saint-Pol-Roux était accompagné de la jolie lettre que voici :
Mon cher directeur,
Je vous confirme l'envoi hier, en un mandat-poste de 86 fr. 80, du troisième versement de la souscription de Camaret.
Aujourd'hui, quatrième versement :
Classes enfantines : 9 fr. 25
Liste Le Goff (hôtel de France) : 26 fr.
Liste Le Quillec-Morvan : 55 fr. 30
Liste Moreau : 12 fr. 30
Total 102 fr. 85 que je vous adresse en mandat-poste. Ce qui porte notre total à ce jour à 400 fr. 85.
Je ne saurais trop féliciter la Dépêche de son dévouement à la cause des inondés et de son empressement à accueillir les idées utiles.
Tant de projets sont réalisables, en vérité !
Par exemple, pourquoi n'utiliserait-on pas les spacieux baraquements militaires de Roscanvel ?
Une fois aménagés, munis de radiateurs, ils constitueraient de très enviables « colonies » ou les sinistrés pourraient attendre, dans un air salubre, le relèvement de leurs demeures, de leurs usines. Après Fachoda, plusieurs milliers d'hommes de troupe y furent logés. Je vous assure que mes bons amis les roscanvélistes seraient fiers de leurs hôtes parisiens.
A Camaret, chacun fait son possible. Il est à souhaiter que toutes les communes de Bretagne imitent son noble geste.
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Nos diverses sociétés de secours — La Garantie, le Syndicat des sardiniers, la Prévoyante — ont voté des sommes qu'elles feront parvenir aux intéressés. En sus des urnes et des listes, des collectes sont pratiquées dans les salles de bal.
J'apprends que votre correspondant local, M. Borély, prépare une représentation dont il vous adressera le produit. Nos édiles, se réunissant dimanche, auront une pensée fraternelle pour Paris, en souvenir de 1902. Combien de personnes ne furent pas nommées qui mirent pourtant leur offrande dans les urnes, Mlle Téphany, M. Chantoux, Mme Foucher, Mme Perrine Férec, M. Garrec, ancien maire, qui a grossi l'urne du quai d'une belle pièce de cent sous; et tant d'autres donateurs ! — mais je ne veux pas oublier ce pli, contenant deux francs, trouvé au fond de l'urne de la place Saint-Thomas, sur lequel je lus avec émotion : Bernard Mazé, ouvrier charpentier. Ah ! les bons cœurs !
Votre affectueux poëte,
SAINT-POL-ROUX.
N. B. — Mme Lucas, notre distinguée directrice d'école, me communique un vieux dicton breton que vous devriez bien signaler aux fervents de la Légende :
Pa counfountou à ghear à Paris
E savo à ghear à Iz.
(Traduction de Mme Lucas : Quand la ville de Paris submergera, la ville d'Iz émergera.) |
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