Tir à obus contre une tourelle du Suffren
L'EXPÉRIENCE A EU LIEU — Arrivée de M. Pelletan — Les préparatifs — Deux tirs d'essai — L'obus sur la tourelle.
Brest, 18 août. — Le ministre de la marine est arrivé à Brest pour assister aux expériences de tir réel contre le Suffren. Le ministre a été reçu à la gare par l'amiral Gourdon, préfet maritime par intérim, commandant en chef de l'escadre de la Méditerranée.
M. Pelletan s'est aussitôt embarqué dans le canot du préfet maritime pour se rendre sous l'île-Longue.
Dès 6 heures du matin le Suffren et le Masséna s'apprêtaient pour l'expérience. Les torpilleurs 137, 138 et 87 sont sur les lieux donnant la chasse aux embarcations qui sont très nombreuses : la rade se trouve bientôt nettoyée de tout bâtiment.
La 14e batterie d'artillerie barre le passage de l’île-Longue et la 16e batterie la pointe Espagnole de Roscanvel et toute la zone militaire qui se trouve dans le champ de tir.
La tempête s'est calmée. Le vent ne souffle presque plus, la mer est très belle, et vers 9 heures le soleil se montre. A 9 heures et demie, le ministre aborde le Masséna, le pavillon du ministre est hissé.
Toutes les embarcations du Suffren ont été débarquées comme cela se produirait en temps de guerre.
Il se fait un grand mouvement à bord des deux bâtiments. Tous les hommes disparaissent sous le pont cuirassé; plusieurs essais de pointage ont lieu.
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Les premiers coups
A 9 h.54, les deux cuirassés arborent le pavillon rouge, signal de tir. A 9 h.56, un éclair, puis une colonne énorme de poussière, de rocailles s'élève; une pluie de cailloux et de débris de projectiles retombe à la mer par ricochets à plusieurs centaines de mètres tout autour des deux cuirassés.
La charge de poudre était calculée pour donner l'impression d'une charge de guerre tirée à 1.500 mètres ; le coup a été lancé dans la cible de repérage, on visait l'enregistreur de vitesse.
Ou se prépare pour un deuxième coup d'essai qui est tiré à 11h.12. Ce coup va frapper encore dans la montagne mais cette fois plus bas et les mêmes phénomènes de labourage du sol et de ricochet se reproduisent.
Après le deuxième coup d'essai, un va et vient se produit sur le Suffren et le Masséna. On constate les essais. le canon est pointé à nouveau, mais beaucoup plus bas, en plein sur la tourelle.
Le coup décisif
A 11 h.36, un éclair, puis un coup sec, dur; c'est le choc du projectile sur la tourelle.
Du point où nous sommes placés, nous apercevons distinctement, avec une jumelle marine, une large tache noire sur la tourelle. Tous les officiers se précipitent pour constater les effets.
Le pavillon du Ministre est enlevé du Masséna. Le Ministre débarquera à 5 heures au pont Gueydon. |
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