TERRIBLE ACCIDENT
Artilleur affreusement mutilé
Les artilleurs du 3° régiment d'artillerie à pied casernés à la batterie de Lagatjar (Camaret), ont été vivement impressionnés, avant-hier après-midi, par un terrible accident qui a coûté la vie à l'un d'entre eux.
Vers 2 h. 30, une formidable détonation ébranlait les baraquements, tandis que les vitres des chambrées volaient en éclats, par suite du déplacement d'air causé par l'explosion.
Une panique s'empara des militaires, qui sautèrent par les fenêtres et s'enfuirent.
Cependant, quelques minutes après l'explosion, des artilleurs, recherchant les causes de cette déflagration, pénétrèrent dans un local attenant à l'infirmerie. Là, un spectacle horrible s'offrit à leur vue. Au milieu de la chambre gisait le corps, affreusement mutilé, du canonnier Désiré Moyon.
La victime avait le bas-ventre ouvert, la main gauche arrachée et une profonde déchirure à la cuisse droite. La mort avait été instantanée.
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Après la constatation du décès, faite par le docteur de Camaret, le cadavre fut placé sur un cadre d'ambulance.
A six heures du soir, la canonnière Dolmen, commandée par l'adjudant principal Ottavi, appareillait de Brest pour Camaret, afin de prendre le corps de la victime pour le transporter à l'amphithéâtre. A onze heures du soir, le cadavre arrivait à Brest.
La victime était, dit-on, occupée à gratter, avec un fil de fer, le détonateur d'un obus à la mélinite, afin d'en extraire la poudre. Le fil de fer, en heurtant le fulminate de mercure, fit jaillir une étincelle, et la mélinite explosa. Le malheureux artilleur reçut toute la charge dans le bas-ventre.
La victime, âgée de 23 ans, accomplissait sa deuxième année de service militaire; ses parents, qui habitent Saint-Nazaire, ont été informés télégraphiquement du malheur qui les frappe. |
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