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De Camaret à Landévennec
Il est 11 h. 20 quand M. Landry et sa suite quittent la Belliqueuse pour descendre à bord du remorqueur Dolmen qui les conduit au môle de Camaret.
Le ministre reçoit les hommages de M. Gustave Toudouze, le distingué et fervent représentant de la Ligue maritime française; de M Douguet, maire de Camaret, et de M. François Poupat, premier adjoint. Puis le cortège, guidé par M. Gustave Toudouze, se rend en automobile au sémaphore sur le plateau de Lagatjar.
Là devant le grandiose spectacle qui se déroule devant ses yeux. M. Landry ne peut s'empêcher de manifester son admiration, et il contemple longuement le calme profond, angoissant de l'Océan, la pointe de Pen-Hir qui avance dans les flots sa formidable falaise rocheuse, les Tas-de-Pois lavés de mauve pâle, Saint-Mathieu, Molène, l'île plate de Sein qui paraît un amas de cendres, puis, tout à l'horizon, le phare d'Armen « la petite lueur qui s'allume le soir, perdue sur les flots et marque la fin de la Bretagne ».
Mais l'heure presse. M. Landry prend congé de M. Gustave Toudouze et des notabilités camarétoises et, à midi, les automobiles ministérielles s'arrêtaient à Morgat devant le perron du Grand Hôtel de la Mer. Le ministre et ses invités déjeunent dans l'un des grands salons dominant la magnifique anse de Douarnenez, devant une mer de saphir qui s'est parée, hier, en l'honneur du ministre de la Marine, de ses plus frêles dentelles.
Après un délicieux parcours de la presqu'île, M. Landry arrive, à 14 heures, à Landévennec, où une charmante surprise lui est réservée.
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A Landévennec
A l'orée du petit bourg, sur la route, au milieu des landes, toutes les jolies filles de Landévennec en costume de fête, des pêcheurs, des retraités sont rassemblés derrière leur excellent maire, entouré de son conseil municipal, presque entièrement composé d'anciens matins, vieux légionnaires et médaillés. M. le maire souhaite la bienvenue au ministre et le prie d'agréer tous les vœux que forment ses administrés pour celui qui préside actuellement avec tant d'autorité aux destinées de la marine française. Il termine sa patriotique allocution aux cris de : « Vive la France ! Vive la République ! Vive le ministre ! »
Puis, une fillette vient, avec un joli compliment, apporter, pour Mlle Hélène Landry, un superbe bouquet de marguerites et de bruyères. Le ministre, très touché de cette marque spontanée de sympathie de la part d'anciens serviteurs de la marine, remercie très cordialement M. le maire de Landévennec : il serre la main à tous, et les fleurs sont précieusement emportées, car « elles apporteront à ma fille, dit M. Landry, un parfum de la terre bretonne ».
Toute la population de Landévennec qui, paraît-il voit pour la première fois, un ministre dans ses landes assiste, du haut de la falaise, à l'inspection des navires en réserve : Dupleix, Guichen, Justice, et aussi cette formidable Flandres, lancée en 1914, revêtue de sa cuirasse de flotaison et restée inachevée.
A 14 h. 30, M. Landry remonte à bord de la Belliqueuse, qui regagne Brest avec toute la vitesse de ses 14 nœuds. |
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