CROZON
Suivant la vieille tradition, les pupilles de la Nation sont allés, le jour de la Toussaint, déposer une couronne au cimetière à la mémoire des morts de la grande guerre. Le cortège des autorités était précédé par un groupe d'orphelins portant une superbe couronne. La foute suivait. Au cimetière, M. Daniel, président de la société locale des pupilles de la Nation, prononça quelques paroles pour saluer la mémoire des morts de la commune. Il analvse les idées, et les sentiments des familles qui désirent voir revenir au cimetière familial les restes de leurs morts. La continuité du foyer familial, pensent-elles, ne se limite pas à la brève durée de la vie humaine ; elle se prolonge dans le cours des nuits, même dans le mystérieux au delà, et, il convient par suite que ceux qui vécurent sous le même toit puissent aussi dormir leur dernier sommeil jusqu'au jour du grand réveil. Ce sont là, dit M. Daniel, des sentiments respectueux que le gouvernement a compris lorsqu'il a autorisé le transfert des restes de nos soldats. Et cependant, nombreuses seront les familles de Crozon qui penseront avec M. le ministre des Pensions que, pour des soldats, la plus belle des sépultures est encore le champ de bataille, au milieu de leurs chefs, de leurs frères d'armes et de sacrifice.
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En tout cas, ajoute M. Daniel, que nos morts reposent dans les cimetières militaires ou dans nos cimetières de famille, leur mémoire durera et leurs tombes seront religieusement entretenues. C'est là une œuvre de gratitude et de haut enseignement moral à laquelle le gouvernement et les populations veulent collaborer.
M. Daniel adresse quelques mots, en langue bretonne, aux parents, aux veuves et aux orphelins, pupilles de la Nation. Il termine en remerciant les fillettes et les maîtresses de l'école communale, qui ont tressé la couronne magnifique qu'il va déposer au pied de la croix.
M. Cariou prend ensuite la parole. Il montre le double caractère religieux et patriotique que donne à la cérémonie la présence de M. le curé, des membres de la municipalité et des délégués de l'Union des combattants. Il dit les projets à l'étude pour célébrer la mémoire des enfants de la commune tombés au champ d'honneur et recueillir leurs dépouilles sacrées. Il termine en adressant quelques paroles de consolation aux familles éprouvées.
Enfin, M. le curé demande à l'assistance recueillie de se joindre à lui pour compléter la cérémonie par une prière à la mémoire de nos morts. Puis le cortège se reforme et la foule, émue, se retire. |
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