LANVEOC
OBSEQUES. — Le jeudi 22 décembre dernier ont été célébrées, au milieu d'une grande assistance, les obsèques de M. Joseph Binet, sergent-fourrier de la marine, et de M. Henry Postic, sergent-major au 19e régiment d'infanterie, enfants de Lanvéoc, morts pour la France.
Le cortège, où l'on remarquait les enfants des écoles et leurs maîtres, les membres du conseil municipal, les anciens combattants, des retraités, des soldats et marins en permission : MM. Cariou, conseiller général, maire de Crozon; Goalès, conseiller d'arrondissement, etc., était imposant. La population tout entière était venue rendre les derniers devoirs aux deux braves enfants lanvéociens, dont la mort d'une héroïque simplicité, fut cruellement ressentie dans leur village natal. L'église était très bien décorée; le catafalque était orné de plantes vertes et de fleurs, disposées avec le meilleur goût. Les chants de circonstance y furent très bien interprétés par la chorale de la paroisse.
Au cimetière, M. Nicolas, adjoint au maire, au nom des anciens combattants, salua en quelques mots émus les restes glorieux des deux héros ramenés en terre natale. M. Cariou, conseiller général, parla au nom de M. le maire, empêché pour raisons de santé. Après avoir retracé la carrière militaire très brillante des deux amis, il leur a adressé un dernier et émouvant adieu, et se fit l'interprète de tous auprès des familles blessées dans leur affection.
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Ensuite, la foule défila, lentement, devant les cercueils drapés dans les plis du drapeau tricolore qui, sur leurs corps mutilée, est comme le dernier baiser de la France à ses enfants. Ils disparaissaient sous les fleurs et les couronnes. On remarquait les belles couronnes en fleur naturelle offertes par les enfants de l'école publique de filles et par Mme Thébault, leur dévouée maîtresse, aux deux martyrs de la patrie.
Joseph Binet était le beau type du marin breton, discipliné, brave cœur et ami loyal et sûr. Il a été inhumé dans la tombe de la famille, près de son épouse, morte dans l'année qui précéda La grande tourmente.
Ancien élève du lycée de Brest, Henry Postic avait dans sa personne nous ne savons quel mélange des plus aimables et des plus mâles qualités. Il était le plus jeune sergent-major de l'armée française, il tomba au champ d'honneur à l'aube de sa vingtième année.
A la sortie du cimetière, un ancien camarade de combat du défunt résuma l'émotion de tous et la chaude et fraternelle amitié des tranchées dont fut entouré le cher disparu, dont le souvenir vivra à jamais dans le cœur de tous ceux qui le connaissaient. Henry Postic était un brave garçon, on peut le dire, aussi tout le monde l'aimait; quand il fut tué, ses chefs, ses camarades et ses hommes le pleurèrent. |
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