Hier soir, à bord du « Plougastel », un vieillard s'est jeté à la mer Sauvé par un matelot, il est difficilement ramené à la vie
Crozon, 12 juillet. Le vapeur Plougastel, qui assure le service régulier entre Brest et Le Fret, avait quitté le port de commerce, hier soir, à 4 h. 30. Vingt minutes plus tard, alors qu'il se trouvait par le travers du Goulet, le cri : "Un homme à la mer !" fut poussé par plusieurs personnes.
Un vieillard, François Thomas 77 ans, habitant le village d'Hellen, en Lanvéoc, s'était soudain dressé à l'arrière, avait murmuré quelques mots et s'était jeté à l'eau.
Gros émoi à bord.
— Stop ! commande le capitaine Boënnec.
Une bouée est jetée à la mer. Le malheureux qui nage et dont on n'aperçoit que la tête, est bien trop loin pour pouvoir l'atteindre.
Le Plougastel vire alors de bord et par une savante manœuvre, vient se placer à moins d'un mètre de l'endroit où se débat encore le vieillard.
Thomas, à bout de forces, coule. Le matelot Émile Laouénan, du Crozon, qui remplaçait un camarade, voyant que le pauvre vieux va disparaître, n'hésite pas un seul instant.
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Il plonge, saisit le septuagénaire et, aidé par plusieurs personnes, notamment, le matelot Paul Hervé, du Plougastel, il réussit à le hisser sur le pont. François Thomas est frappé de congestion. Ses yeux sont vitreux et le pouls bat très faiblement.
— Un médecin ! crie-t-on. Un médecin !
Aucun praticien ne se trouve à bord, mais le quartier-maître infirmier Auguste Le Goff, de l’École navale, se présente. Il porte le moribond dans le poste d'équipage et, aidé par un passager et un matelot, il réussit au bout d'un quart-d'heure d'efforts, par des mouvements rythmiques des bras et des tractions de la langue, à ranimer le malheureux.
C'est à Emile Laouénan et au dévoué quartier-maître Le Goff que François Thomas doit la vie. Nous leur adressons nos bien sincères félicitations.
Interrogé à son arrivée au Fret, le vieillard ne put prononcer que trois mots :
— J'avais été contrarié. |
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