CAMARET
Le sloop langoustier Anémone se perd, à cinq milles de Camaret
L'équipage est sauvé
Camaret, 19. — Après un mois de dur labeur sur les côtes de l'Irlande, le langoustier Anémone, du port de Camaret, patron Joseph Herjean, du village de Kerhos, regagnait notre port avec une excellente pêche.
Environ 1.200 kilos de langoustes et une centaine de kilos de homards, 3.000 francs la part, tel était approximativement le bilan de cette pêche, presque miraculeuse.
La pointe Saint-Mathieu est en vue, tout le monde a le cœur gai car au bon résultat de la pêche vient s'ajouter le bonheur de revoir les siens, et de passer le dimanche au pays.
Une voie d'eau
Le récit du patron
« Le vent soufflait très fort de la partie ouest et la mer était très houleuse. Grand largue, l'Anémone avançait rapidement, lorsqu'une voie d'eau se déclara. Les pompes, mises aussitôt en action, n'arrivèrent pas à égaler la rentrée d'eau, malgré les efforts désespérés des matelots se relayant aux bringuebales.
« Cette lutte pour la vie dura près de deux heures. On s'aperçut enfin que tout effort était vain.
« Moins cinq »
« Nous sommes à 5 milles de Camaret, dans le nord du grand Léach. Le navire s'enfonce rapidement; il est grand temps de mettre le canot à la mer, opération délicate lorsque la mer est grosse. La guigne veut que le canot soit coincé sous le gui de la grand-voile, mais dans un dernier coup de roulis de l'Anémone, le voila libéré. Le navire coule, le canot flotte, avec l'équipage au complet, six hommes. Il est 23 heures environ.
« Le canot, véritable coque de noix, balloté par les vagues, fait cap sur Camaret. Nous remplaçant tour à tour aux avirons et à la vidange des paquets de mer qui embarquent sans cesse, nous arrivions au port ce matin, au point du jour, harassés de fatigue ».
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On apprit à l'équipage la perte récente du Dixmude, où quatre de leurs camarades trouvèrent une fin si tragique. Et de se voir sains et saufs, cela consola les hommes de l'Anémone de la perte de leur pêche, engins et navire.
L'Anémone, de 20 tonneaux, avait été construit en 1913 et était assuré à la société « La Garantie ». On évalue à 60.000 francs la totalité de la perte. Le navire repose par 20 mètres de fond environ et pourrait peut-être être renfloué.
L'administrateur de l'inscription maritime est en pourparlers avec les sociétés de sauvetage pour tenter le repêchage du navire, qui peut devenir un sérieux danger pour la navigation.
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