QUIMPER
AUTOUR DU CONSEIL GÉNÉRAL
[...] L'érection en commune distincte de Crozon de l'agglomération de Saint-Laurent, est une proposition qui a longuement retenu l'attention de l'assemblée départementale. Celle-ci doit émettre un avis qui d'ordinaire se base sur les délibérations des conseils municipaux intéressés.
La question serait-elle insoluble ? Le Conseil général en fut déjà plusieurs fois saisi et l'affaire renvoyée pour complément d'enquête. Les sessions se succèdent et cette affaire cascade de l'une à l'autre sans résultat.
Que pense de cette proposition le Conseil municipal de Crozon ? C'est ce qu'il conviendrait de savoir, mais c'est aussi ce qui paraît être le plus difficile d'apprendre.
[...]
Tout souriant à l'habitude, M. Cariou* s'en va par les couloirs, à petits pas pressés, serrer la main de ses collègues. Pour tous, il a le mot aimable ; à tous, il prodigue les protestations d'amitié.
Il est plus sombre aujourd'hui, car on lui a parlé de certaines délibérations ayant trait à l'érection en commune de Saint-Laurent et aux travaux du port du Fret.
— On a fait pression sur mes conseillers, expose-t-il à ses collègues de droite.
|
Et il explique : « Oui, on est venu à Crozon avec une bande de communistes pour tout chambarder à la mairie. »
A ses collègues du centre, il indique :
— Un homme que je ne veux pas nommer, mais qui avait une serviette, entraînait mes conseillers dans les débits et là, sur le zinc, il déployait des plans pour les impressionner.
A ses collègues de gauche, il soutient :
— Je suis laïque et républicain, voilà pourquoi l'on m'attaque.
Enfin, aux... autres, il confie en grand mystère :
— C'est un hypnotiseur qui habita la commune et qui endormit mes conseillers. Ils n'étaient plus maîtres d'eux-mêmes. Un jour, mon adjoint dansait sur mon fauteuil, en criant : « Je suis le maire, et la fête continue. »
— Mais, vous-même, êtes-vous sous cette influence hypnotique ?
— Oh ! non, car il n'a jamais pu me regarder dans le blanc des yeux.
Et, fier de sa force, M. Cariou, retrouvant son sourire, s'en va se frottant les mains, à la recherche d'autres bienveillantes oreilles. |
 |