LA TEMPETE
Le cargo « Pérou » à la côte
Depuis plusieurs jours, une tempête du Nord-Est souffle sur notre région. Notre rade, si bien abritée par les vents régnants du Sud-Ouest, l'est bien moins dans les conditions présentes.
On sait qu'à Roscanvel, depuis le début de la crise qui atteint si gravement la marine marchande, de nombreux navires sont venus désarmer. Il y a là de grands pétroliers qui, pour la plupart, viennent de quitter les chantiers de construction; le navire-école Jacques Cartier, de la Compagnie Générale Transatlantique, ainsi que plusieurs autres navires de la même compagnie.
Hier matin, comme les journées précédentes, les rafales assaillaient cette flotte. Vers midi, sous la violence accrue du vent, quelques-unes de ces unités chassaient sur leurs ancres.
La situation ne manquait pas d'être inquiétante en raison de la proximité de la côte. On fit appel au concours du remorqueur de sauvetage Iroise de l'Union Française Maritime, en stationnement à Camaret, qui se rendit immédiatement sur les lieux.
Le Pérou, le Jacques Vermont et le Kentucky avaient besoin de secours. Le premier était particulièrement menacé. Mouillé en face de Pont Scorff, vers le milieu de la baie, il avait avant les autres, commencé sa dérive. Aussi les hommes qui en assurent la garde s'étaient-ils empressés de hisser les pavillons de détresse.
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L'Iroise s'en approcha, mais la violence du vent et celle des vagues ne lui permit pas d'intervenir avec efficacité. Ses efforts étaient cependant secondés par le Roscanvel, de l'U. F. M. Bientôt, le Pérou talonnait par le travers de la cale du bourg.
On réclama le concours des remorqueurs de la direction des mouvements du port qui se rendirent également en baie de Roscanvel, mais sans plus de succès.
Enfin, le navire, devenu le jouet des hautes vagues qui se brisaient sur sa coque avec fracas, s'échouaient complètement dans une position parallèle à la côte.
On espère pouvoir entraver la dérive du Jacques Cartier, du Vermont et du Kentucky.
En ce qui concerne le Pérou, paquebot mixte de 7.177 tonneaux de jauge brute totale, long de 131 mètres, large de 16 mètres, les opérations ont dû être momentanément interrompues dans l'attente d'une accalmie.
On redoute que, la marée aidant, le vent et la mer ne le poussent encore plus haut sur la grève, rendant impossible le déséchouage. |
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