ROSCANVEL
CONSEIL MUNICIPAL. — Le conseil municipal s'est réuni le dimanche 28 février 1932, à 9 heures, en session ordinaire de février, sous la présidence de M. Passini, maire.
[...]
La question des bals. — Le maire déclare la séance terminée. A ce moment M. Canévet demande la parole relativement aux bals.
Cette affaire a, en effet, pris une certaine acuité depuis le jour, assez récent, où une jeune fille très estimée dans la commune mourait subitement un lundi matin, après avoir dansé assez tard durant la nuit précédente.
M. Canévet déclare qu'il reçoit depuis quelque temps des chefs de famille, des récriminations plutôt véhémentes contre la surabondance d'autorisations accordées à tout bout de champ aux tenanciers d'établissements de ce genre.
M. le maire. — Ces parents devraient d'abord avoir assez d'autorité pour contraindre leurs enfants à rester chez eux.
M. Canévet réplique qu'il est du devoir de la municipalité de prendre toutes les mesures susceptibles de maintenir le bon ordre et la santé publique dans le pays. Il faut limiter le nombre de bals en fixant, par exemple, quatre bals par an, sans compter ceux des plus grandes fêtes et des mariages.
|
Le maire. — Je ne peux pas faire cela.
M. Canévet. — Si, vous pouvez le faire.
Le maire. — Non, je ne suis pas qualifié pour cela : d'ailleurs, vous savez aussi que ça nous rapporte, les bals.
M. Canévet. — Vous pouvez les limiter : d'autres maires avant vous n'ont pas craint de le faire et, si vous ne le voulez pas, faites payer une taxe : 25 à 50 fr. par bal.
M. Langlois déclare que ceux qui ont placé un capital dans ces établissements ont le droit d'en retirer des bénéfices, qui contribuent à alimenter le budget.
M. le maire, constatant que plusieurs conseillers se rallient à l'intervention de M. Canévet, propose une taxe de 25 fr. par bal.
Cette taxe est adoptée par 7 voix contre 3, sur 10 votants.
M. Canévet. — Vous serez obligé de limiter les bals, il y a actuellement trop de réclamations dans la commune.
Le maire. — Je ne peux pas faire cela.
La séance est levée. |
 |