LANDÉVENNEC
UN GRAVE INCENDIE — UNE FILLETTE MEURT DES SUITES DE SES BRULURES
Son père, second maître à bord du « Diderot », est sérieusement brûlé aux mains - Un jeune polytechnicien se blesse en portant secours aux victimes
Jeudi soir, vers 18 h. 30, un incendie qui sembla tout d'abord prendre de grandes proportions s'est déclaré dans la maison appartenant à Mme Cariou, située au lieu dit Port-Maria, en Landévennec.
Cet immeuble est occupé par le ménage Creff, dont le mari, père de deux petites filles jumelles âgées de 3 ans, est second-maître mécanicien à bord du Diderot, et par le poste des douanes.
M. Ange Creff possède dans sa cuisine deux réchauds, l'un à essence, l'autre à alcool. Il remplissait d'essence l'un d'eux, à côté du réchaud à alcool allumé.
Cette imprudence occasionna immédiatement l'explosion du bidon d'essence qu'il tenait à la main. Affolé, M. Creff voulut jeter le bidon par la fenêtre. Mais, voyant sa fillette jouer devant la maison, il se ravisa et le lança sous l'escalier, se coupant ainsi toute retraite.
L'essence enflammée se répandit rapidement et propagea l'incendie avec une vitesse telle qu'il dut immédiatement appeler au secours.
Les habitants du bourg, alertés, se rendirent immédiatement sur les lieux avec M. Le Goff, maire.
Bientôt les marins des bâtiments en réserve, sous le commandement de M. le commandant Léost et du commissaire Jacquet, arrivaient, ainsi que les pompiers de Crozon.
La mer était haute à proximité du sinistre. Une chaîne fut rapidement organisée.
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Dans l'affolement, on s'aperçut qu'une des fillettes de M. Creff, la petite Marie-Louise, était restée à l'intérieur. Chacun se dépensa et voulut secourir la malheureuse enfant.
Un jeune homme, M. Maurice Brunet, élève de l'école Polytechnique et fils de M. le docteur Brunet, médecin général, qui sortait du bain, voulut pénétrer dans la maison en flammes. En brisant une fenêtre, des éclats de verre lui causèrent au poignet droit une blessure peu grave, mais qui nécessita néanmoins son transport à l'hôpital maritime de Brest.
La pauvre fillette, gravement brûlée au bas du corps, put être arrachée aux flammes, mais elle devait succomber dans la nuit après d'horribles souffrances.
MM. les docteurs Le Dû, d'Argol, Kerrest, et le médecin du Diderot donnèrent les premiers soins aux blessés, notamment au second-maître Creff, sérieusement blessé aux mains, et à Mme Creff.
Les dégâts matériels sont couverte par une assurance.
Hier vendredi ont eu lieu, vers 15 heures, les obsèques de la petite Marie-Louise. Une foule nombreuse et émue, dans laquelle nous avons remarqué MM. le commandant Léost, commandant les bâtiments en réserve; le commissaire Jacquet et M. le médecin militaire du bord, suivis d'un détachement de marins suivait le petit cercueil.
Félicitons tous les courageux sauveteurs qui se sont dépensés sans compter; les marins, leurs chefs, les pompiers de Crozon, les touristes et plus particulièrement M. Brunet, fils du distingué directeur du service de santé de la 2e région maritime.
Nous présentons à la famille Creff nos condoléances attristées. |
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