CAMARET
Le naufrage du sloop « St-Corentin » en Angleterre
L'équipage a été rapatrié hier au Diben
Nous avons annoncé brièvement, le 4 septembre, la perte du sloop Saint-Corentin, de Camaret, sur les cotes anglaises, ainsi que le sauvetage de l'équipage.
Le consulat de France à Southampton a fait parvenir, hier 6 septembre, des détails sur cet événement de mer.
Dans la nuit du 3 septembre 1935, le sloop Saint-Corentin, de 29 tonneaux, patron Pierre Cornec, de Camaret, s'est échoué sur les rochers de Carn Dhu, Mount's Bay, à environ 5 milles au sud de Newlyn (Cornouailles), par suite du mauvais temps.
Le navire est considéré comme perdu; par contre, l'équipage entier a pu embarquer en canot et se trouve actuellement à Newlyn. Les papiers de bord et divers objets ont pu être recueillis, l'épave étant accessible à marée basse.
Le Saint-Corentin, appartenant à Pierre Cornec, avait été construit à Camaret en 1928 et était assuré pour perte totale.
Hier après-midi, M. Oulhen, mareyeur au Diben, en Plougasnou, qui, chaque semaine se rend sur les côtes anglaises, où il s'approvisionne en langoustes, rapatriait à bord de son bateau, le Lutin, l'équipage du sloop Saint-Corentin, du port de Camaret, composé de 5 hommes et d'un mousse.
Dans la nuit de lundi à mardi, en effet, vers 22 heures, le sloop Saint-Corentin se trouvait devant Newlyn, en Cornouaille anglaise.
Newlyn est un grand port de pêche très fréquenté par les pêcheurs bretons. C'est notamment un centre important de pêche de langoustes, qui possède un abri du marin, que nos « loups de mer » connaissent bien.
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Le sloop Saint-Corentin, arrivait dans les parages de la pointe de Mourlan quand, soudain, il talonna une roche et sombra.
L'équipage fut heureusement sauvé, mais le navire fut perdu.
Nos braves marins furent hébergés à Newlyn, où M. Oulhen les prit à bord du Lutin pour les ramener en France. Hier après-midi l'équipage du Saint-Corentin se rendait en autocar à Morlaix, et à 18 heures, arrivait à la gare de l'Etat, pour prendre le train allant vers Brest. C'est là que nous avons rencontré, quelques minutes avant le départ du train, les infortunés marins du Saint-Corentin.
Après nous avoir relaté brièvement le naufrage du sloop, il nous déclarèrent qu'ils avaient perdu tous les engins de pêche, leurs sacs, leurs équipement.
— Chacun de nous subit, nous disent-ils, un préjudice de 1.700 francs et nous ne sommes par riches.
Ces rudes marins, au visage sympathique, dont MM. Cornec et Kermel que nous interrogeons, sont heureux de rentrer chez eux, après avoir échappé à la mort.
Nous espérons que des secours leur seront accordés.
Le patron du navire, seul, n'est pas très loquace. Il nous reçoit même froidement. Nous comprenons néanmoins sa mauvaise humeur.
Son navire, qu'il a eu tant de mal, peut-être, à acquérir est englouti. Le bateau, bien sûr, était assuré, mais, dans combien de temps le patron du sloop disparu et son équipage pourront-ils reprendre leur pénible labeur ? |
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