4e SESSION DE 1884.
Présidence de M. FOUCQUERON
(Suite et fin).
Audience des 13 et octobre.
14° affaire. — Brossier, Eugène-Jules, âgé de 36 ans, élève en pharmacie, né à Saint- Pol-de-Léon, demeurant au Huelgoat, est accusé :
1° D'avoir, le 28 avril 1884, à Telgruc, commis un attentat à la pudeur consommé ou tenté sans violence, sur la personne de Jeanne Le Bot, alors âgée de moins de treize ans;
2° Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu et dans le but de perpétrer l'attentat ci-dessus, exercé illégalement la médecine en prenant, près de ladite Jeanne Le Bot et de ses parents, le titre de médecin de la marine, sans avoir obtenu ni diplôme, ni certificat, ni lettres de réception (délit connexe) ;
3° D'avoir, à Lanvéoc, le 30 avril 1884, commis le crime de viol sur la personne de Marie-Michelle Olivier ;
4° D'avoir, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu et dans le but de perpétrer le crime ci-dessus, exercé illégalement la médecine, en prenant près de la veuve Quillien, grand'mère de ladite Marie-Michelle Olivier, le titre de chirurgien de marine, sans avoir obtenu ni diplôme, ni certificat, ni lettres de réception (délit connexe).
L'instruction relative à ces différents faits a révélé l'étrange existence que menait Brossier depuis quelque temps.
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Ayant épuisé promptement les ressources qu'il avait emportées d'Huelgoat, il spéculait sur la naïveté des cultivateurs, par lesquels il se faisait remettre de l'argent en paiement d'ordonnances médicales, qu'en sa qualité d'ancien élève pharmacien il rédigeait avec un semblant de compétence. Lorsqu'il manquait d'argent, il commettait des délits de filouterie d'aliments. Il s'enivrait sans cesse et tenait des propos obscènes à toutes les femmes qu'il rencontrait.
L'accusé ne nie pas à proprement parler les faits relevés à sa charge. Il prétend n'en avoir conservé qu'un très vague souvenir et taxe, d'exagérés les témoignages produits contre lui. Il a d'ailleurs provoqué une enquête sur le point de savoir s'il était responsable de ses actions. L'enquête très-complète qui a été faite à cet égard a démenti les espérances qu'il fondait sur ce système. Brossier joint à une intelligence réelle une instruction qui lui aurait permis d'exercer une profession honorable.
Reconnu coupable sans admission de circonstances atténuantes, Brossier, Eugène-Jules, a été condamné à la peine de huit années de travaux forcés sans surveillance et par corps aux frais.
Ministère public, M. Frétaud, procureur de la République; défenseur, Me de Chamaillard, avocat. |
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