Landévennec, 5 mai. — Notre correspondant nous écrit :
« Jeudi a eu lieu, le grand pardon de N.-D. du Folgoët, la fameuse et artistique chapelle située au milieu d'un bois appartenant aux Domaines et dépendant des communes limitrophes d'Argol et de Landévennec.
« Comme chaque année, au jour de l'Ascension, cette assemblée a attiré un assez grand nombre d'habitants des villages environnants, parmi lesquels se faisaient surtout remarquer, par leurs pittoresques costumes garnis de fines dentelles et d'abondantes fleurs artificielles, les élégantes jeunes filles de nos campagnes.
« Deux bateaux à vapeur, le Saint-Michel et le Rapide, avaient déposé ici beaucoup de Brestois. La plupart d'entre eux, après avoir parcouru et visité notre jolie localité, actuellement parée de tous ses ornements printaniers, s'est dirigée vers le pardon, en traversant des taillis, ce qui leur a procuré une charmante promenade pédestre d'environ 4 kilomètres.
« Le yacht à voiles Djinn, de Brest, appartenant à M. de la Fournière, lieutenant de vaisseau, était venu à Landévennec, à l'occasion du pardon. Il était monté par son propriétaire, deux autres officiers de marine,
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un 2e maître en retraite faisant l'office de matelot et par trois dames. Comme il effectuait son retour par jolie brise de Nord-Ouest, il alla s'échouer, vers 6 heures, sur la pointe de Goasguillou, plateau de roches (non indiqué sur les cartes marines, paraît-il) et situé à peu près à 200 mètres au large de la côte sud de l'Hôpital-Camfrout.
Ce coquet bateau de plaisance, tout récemment sorti des chantiers de M. Pilven, constructeur à Brest, est resté, par suite du reflux, dans une position fort critique jusque vers minuit. A cette heure, le flot et la mer calme lui ont permis de se redresser et de continuer sa route, malgré de légères avaries, notamment un bordage crevé.
Le cutter de la brigade des douanes de Landévennec, commandé par le patron Calvez, s'est rendu au plus vite sur le lieu de l'accident pour prêter assistance, en cas de besoin.
C'est au moyen de cette patache et grâce à l'empressement des marins douaniers, que s'est opéré le débarquement et le rembarquement des promeneurs du yacht Djinn.
Ajoutons que la baleinière Clin-foc, propriétaire Noblet, s'est empressée d'aller offrir ses services au bateau en danger. |
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