Camaret, 26 septembre. — La tempête qui a sévi avec tant de furie sur notre littoral nous a tenus en émoi pendant toute la journée.
C'est d'abord le dundee United, dont il a fallu s'occuper. Arrivé la veille de Jersey, où M. Mélénec (Toussaint) l'avait acheté, il est tombé au plein sur la chaussée Notre-Dame, mais y est resté heureusement sans avaries.
Ce sont ensuite toutes les embarcations de MM. Binet et Laouénan qui s'en allaient à la dérive. On a eu le bonheur de pouvoir les arrêter.
Vers huit heures et demie, un lougre mouillé en rade tombait en travers, traînait ses deux ancres sur un parcours d'une centaine de mètres et refaisait tête.
Un peu après, le côtre Dartagnan s'en allait également à la dérive. Il était arrêté à point par les marins d'un sloop de Laber.
Au même instant un bateau de Plougastel, monté par quatre hommes, et un sloop de plaisance, appartenant à M. Lacombe, faisaient comme le Dartagnan et traînaient leurs ancres qui s'accrochèrent à la chaîne de sauvetage mouillée dans le port et s'y maintinrent.
Cependant la tempête augmentait de furie. Le patron du bateau de sauvetage avertit qu'il y avait urgence à faire préparer le bateau et donna l'ordre de le mettre aussitôt que possible à la mer.
M. Lespéron, commissaire de l'inscription maritime, se rendit lui-même à la maison-abri afin d'activer cette mise à l'eau qui demande beaucoup de travail ; car à la mer basse l'embarcation est au moins à 300 mètres de la mer.
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A peine commençait-on l'opération que le lougre mouillé en rade rompait une de ses chaînes et tombait en travers. Il mit son pavillon en berne et on le croyait perdu, quand l'ancre qu'il traînait se prit à la chaîne de sauvetage.
Comme l'équipage continuait à demander du secours, le bateau de sauvetage se dirigea en toute hâte vers le lougre, fut bientôt le long de son bord et embarqua les trois hommes qui le montaient. Ce lougre a nom Alexis-Caroline. Il est de Noirmoutiers, et allait de Melon à Pont l'Abbé.
Pendant ce temps, les agents de la douane transportaient à Stang-ar-Prat leur canot porte-amarre.
L'équipage de l'Alexis-Caroline était à peine à terre qu'un autre lougre de Paimpol, mouillé à l'entrée du port, réclama aussi assistance.
Le bateau de sauvetage fit route vers lui et ramena à terre les sept hommes qui le montaient, passagers et marins.
A une heure de l'après-midi, les marins du bateau Reine-des-Mers, patron Férec (François), qui a embarqué une ancre et un câble, se rendent à bord de l'Alexis-Caroline. La tempête est alors dans toute sa force. Le bateau de sauvetage se tient prêt à les secourir, s'il en est besoin.
Par bonheur, tout se passe bien et, vers cinq heures, le bateau de sauvetage et la Reine-des-Mers rentrent ensemble.
En somme, rude journée, mais qui n'a pas causé de grandes pertes. |
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