Camaret.
Le canot de sauvetage chaviré.
Nous avons relaté dans notre dernier numéro l'accident arrivé au bateau de sauvetage de Camaret. Voici quelques renseignements complémentaires que notre correspondant nous adresse sur cet événement :
« Ce bateau, construit sur un nouveau modèle et qui a nom Comte-et-Comtesse-du-Dognon, n'est à Camaret que depuis les premiers jours de janvier dernier ; il en était à sa deuxième sortie. Il appareillait (dimanche soir, vers 6 h.1/2, pour se rendre au cap de la Chèvre, où un bateau était en détresse. Le vent soufflait en très grande brise du N.-E. et la mer était relativement belle; dès qu'il eut doublé le môle, il porta près-plein pour doubler le Grand-Gouin.
C'est entre ces deux points, par le travers de la grève du Corréjou, qu'une rafale mit en un moment le plat-bord fortement dessous, mais ces bateaux se relevant et se vidant d'eux-mêmes, les canotiers ne font pas habituellement cas de voir le plat-bord dessous. Quelques canotiers dirent même au patron : « Tiens dessus, il va se relever ». Le patron, appréciant mieux la situation, donna l'ordre de choquer l'écoute de misaine, ce qui fut fait à l'instant.
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Mais cette écoute est un palan en filin neuf, qui ne court que difficilement et, la rafale forçant de plus en plus belle, le bateau finit par s'emplir, chavira et tourna sur lui-même, les mâts et les voiles en bas ; le tour dura trente secondes environ, au dire des personnes qui, de terre, l'avaient vu disparaître.
Aussitôt relevé, le bateau, ayant ses voiles établies, reprit sa course. Deux hommes étaient restés à bord pendant l'évolution sous l'eau, cinq autres étaient cramponnés aux filières le long du bord, quatre nageaient vers la terre et le douzième restait aux environs du bateau.
Le patron Le Joly étant l'un des deux hommes restés à bord, était demeuré à son poste, persuadé que son bateau se redresserait; le deuxième est un nommé Mazet (Louis) qui s'était fourré sous un banc. Ils ont, à eux deux, relevé leurs camarades restés le long du bord et recueilli l'homme qui attendait à l'endroit où le bateau avait culbuté et, après s'être assurés que tous les hommes étaient sauvés, ils sont revenus au port.
« Le bateau en détresse s'est sauvé par ses propres moyens. Maintenant, il faudra faire quelques modifications à l'installation du bateau de Camaret pour que nos braves sauveteurs reprennent confiance en lui. » |
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