Dans les derniers jours de la semaine dernière une violente bourrasque s'est déchaînée sur tout le littoral. Le vent du N.-E. qui soufflait en ouragan n'a diminué de violence que dimanche soir ; mais la mer, secouée par les rafales, est loin d'être calmée au large et vient se briser sur la côte en vagues énormes.
Dans la soirée de dimanche et la journée de lundi la neige a fait son apparition en Bretagne. Plusieurs naufrages et accidents se sont produits et, comme toujours, la tempête a été pour nos vaillants sauveteurs une occasion de plus de se dévouer.
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Le bateau ponté Le Labrador, d'Audierne, patron Cléau, avait quitté Douarnenez samedi matin à destination de Brest. Vers une heure de l'après-midi, il passait le Toulinguet courant sur Bertheaume.
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Le vent d'est soufflait en tempête. En virant de bord, le bateau eut sa grand'voile défoncée ; le patron, frappé à la tête par le gui, tombe assommé et ne reprend connaissance qu'après 20 minutes de soins. L'équipage avait déjà débarrassé le pont des débris de la voile. On fit alors route sur le Toulinguet, où l'on put mouiller.
Le pavillon fut mis en berne.
Vers 4 heures et demie du soir arrivait le bateau de sauvetage de Camaret. Quoique grièvement blessé à la tête, le patron Cléau ne veut pas quitter son bord ; ses hommes décident de rester avec lui. On se contente de demander au patron du canot de sauvetage de bien vouloir faire envoyer des voiles de rechange. Celles-ci sont apportées le lendemain matin, et, comme le vent a diminué, le bateau a aussitôt appareillé. |
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