Morgat. — La foudre incendiaire. — Lundi dernier, un orage formidable a éclaté sur Morgat.
A l'est, au sud, à l'ouest, les éclairs sillonnaient les nues, c'était un roulement continu qui a duré plus de deux heures, et au milieu duquel éclataient parfois des détonations effrayantes, des claquements secs et sonores qui faisaient trembler les vitres des maisons et que se renvoyaient longuement les échos des falaises.
C'était terrifiant et d'une grandeur imposante ; de mémoire d'homme on n'avait vu pareille perturbation de l'atmosphère.
Malheureusement, cet orage a eu des conséquences désastreuses pour une pauvre famille de pêcheurs.
Au village de Kerdroën, en Crozon, la foudre est tombée sur la maison Ménesguen, Jean-Marie. Elle a pénétré par la cheminée dans le grenier, où était entassée une provision de lande; celle-ci s'est embrasée et a communiqué le feu à la maison tout entière.
Fort heureusement les douaniers virent les premiers la fumée. Le sous-brigadier Sauze, qui se trouvait de faction au Centre a aussitôt prévenu son brigadier, M. Cohen, qui, accompagné de ses hommes, s'est rendu en toute hâte sur les lieux du sinistre. Il a organisé les secours avec intelligence et promptitude. Rapidement, par ses soins,
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une chaîne fut établie entre la maison et une fontaine, distante d'environ 300 mètres, et l'on put bientôt combattre l'incendie. Les femmes, les pêcheurs, encore à terre heureusement, se mirent à l'œuvre avec un esprit de solidarité et de dévouement vraiment admirable. De courageux citoyens montèrent sur les murs de l'immeuble et, grâce à un travail bien compris, purent enfin, au bout de trois heures, se rendre maîtres du feu et préserver les maisons voisines.
Parmi les personnes qui se sont particulièrement distinguées et méritent tous les éloges, il faut citer : le brigadier Cohen, les douaniers Guyader, Gilouy, Berthe, Léostic et Touraine; Gorin, maître de la marine en retraite; Rolland, Alexis, employé chez Mme Hervé; Hatel, Hervé; Pierre-Marie Kerdreux, menuisier à Morgat, et beaucoup d'autres personnes dont les noms nous échappent. C'est certainement grâce à leur énergie que le village a été préservé.
Les pertes, évaluées à 3.000 francs, ne sont couvertes par aucune assurance. C'est la ruine complète pour cette pauvre famille, qui reste avec trois enfants sans abri et sans ressources. Pendant que la maison flambait, le mari était en mer, peut-être très loin au large. Quel désespoir pour lui, quand il va trouver sa pauvre masure écroulée et le fruit de son travail de tant d'années anéanti ! |
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