Landévennec, 8 mars. — De notre correspondant : Aujourd'hui a commencé, le long du littoral de petite commune, la récolte annuelle de varech, et, suivant l'usage, toute la population valide des deux sexes se livre avec ardeur à cette intéressante et utile occupation.
Un canot de la Sémiramis et un marin du bord avaient été mis, sur sa demande, à la disposition d'un nommé Abaléa, du bourg, par M. le lieutenant de vaisseau commandant la station. Abaléa voulait faire, à un endroit d'accès difficile par voie de terre, sa provision de plantes marines. Un troisième travailleur, Caboussin, s'était joint aux deux déjà cités.
A 11 heures, la besogne terminée, le canot revenait tranquillement vers son point de destination, lorsque en face de Pors-Even, entre la rive et la Galathée, à une très faible distance de l'une comme de l'autre, il s'affaissa sous sa charge, et, seul, le goëmon demeura visible.
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Le marin saisissant alors un aviron se précipite à la mer et gagne la terre ; ses deux compagnons suivent son exemple, mais moins heureux et sans doute aussi moins bons nageurs, ils disparaissent au bout de quelques instants. Un canot, également chargé de varech et monté par deux hommes, arrivait sur le lieu du sinistre presque au moment où coulaient ces malheureux.
Ce sont Abaléa (Paul), deuxième maître charpentier en retraite, marié, 65 ans ; Caboussin (François), quartier-maître vétéran en retraite, célibataire, 52 ans.
A l'heure où j'écris les cadavres ne sont pas retrouvés.
Inutile d'ajouter que ce dramatique événement a jeté l'émoi le plus vif parmi notre paisible population. |
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