Landévennec. — Le jeune Cam (François-Marie), âgé de 15 ans, domestique chez le nommé Boussard, cultivateur à Kerléron, en Landévennec. Le soir du 10 janvier, son maître l'autorisa à sortir avec l'autre domestique de la ferme, Ely (Jean), et un autre camarade. Mais il lui enjoignit d'être revenu avant 9 heures du soir. A 9 heures, Ely (Pierre), frère de Jean, entra à la ferme ramenant sur son dos le petit Cam, qui était ivre-mort. Boussard coucha le jeune homme dans son lit. Ely (Pierre) lui demanda alors assistance pour aller chercher son frère Jean, qui, également ivre-mort, était couché dans un champ sous la garde du nommé Mérour.
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Boussard y alla, le transporta à la ferme et le coucha à côté de Cam.
Il ne quitta les deux domestiques qu'à dix heures du soir, lorsqu'il vit qu'ils dormaient bien.
Le matin, il revint pour les éveiller. Il appela d'abord Cam, mais celui-ci ne répondit pas. Il réveilla alors Ely (Jean), qui lui dit : Je crois que Cam est mort.
C'est au débit Le Monze que Cam et Ely (Jean) s'étaient enivrés à ce point.
Il est vraiment déplorable que la loi qui défend aux cabaretiers de donner à boire aux gens ivres ne soit pas mieux exécutée.
On éviterait ainsi plus d'un décès par congestion alcoolique.
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Ce fait divers est repris également dans le Courrier du Finistère du 16 janvier 1897 ; on y découvre l'épilogue religieux : [...] M. le docteur Branellec a certifié qu'il est mort empoisonné par l'infecte boisson qu'il avait démesurément avalée. D'après ce certificat, M. le Recteur, pour prévenir désormais de si tristes accidents, s'est cru obligé de refuser à ce malheureux les honneurs d'une sépulture chrétienne.
L'on s'accorde à dire que Le Cam savait ce qu'il faisait, qu'il demandait lui-même à boire... Tous les honnêtes gens de Landévennec, d'une voix unanime, approuvent la conduite énergique de leur pasteur.
Dans la Dépêche de Brest du 25 janvier 1897, on peut lire un démenti formel du correspondant du Journal au nom de la population, quant à la réaction du recteur.
Le débitant (dont l'établissement était à Tal ar Groas, en Landévennec) a été condamné à 8 jours de prison et à 5 fr. d'amende pour avoir servi des boissons alcooliques à un mineur âgé de moins de 16 ans. (Finistère du 9 février 1897). |