Crozon, 12 décembre. — De notre correspondant : « Une tempête plus terrible encore que celle du 4 septembre 1874, encore présente à toutes les mémoires, s'est abattue sur Crozon aujourd'hui et a sévi avec une extrême violence pendant cinq heures environ, de huit heures du matin à une heure de l'après-midi. Les dégâts causés aux habitations dans le bourg sont considérables.
Un malheur n'est jamais seul, dit un proverbe. Pendant cette tempête, un incendie qu'elle a activé a consumé les combles de la maison de M. Le Moign, commerçant au bourg.
Le feu, allumé, croit-on, par les étincelles d'une cheminée voisine, a pris, vers 11 heures, à la paille entassée dans le grenier. En moins de rien, cet étage n'a plus offert qu'un brasier menaçant.
La pompe à incendie s'est immédiatement transportée sur les lieux.
En même temps, les garçons de l'école, conduits par leur directeur, M. Cariou, ont formé une double chaîne, et la pompe a pu fonctionner, mais seulement du côté opposé au vent et au foyer de l'incendie, ce qui était un désavantage.
|
M. Dussaud, maréchal des logis, et ses gendarmes, ont fait leur devoir, et tout leur devoir, avec un dévouement digne d'éloges. A signaler aussi le dévouement sans bornes de M. Duhaut, couvreur; de M. Pilet, retraité de la marine; de M. Le Caill, syndic; de M. Cariou, instituteur, qui, le premier, a pénétré dans les appartoments du 1er étage et a sauvé à la hâte différents objets de valeur, entre autres une grande liasse de papiers d'affaires (effets de valeur, actes, titres, contrats), et qui, allant jusqu'aux écuries placées derrière la maison en feu, en a fait sortir les chevaux et les vaches déjà en danger; enfin, M. Cariou est sorti de la lutte contre le feu avec de nombreuses blessures, témoignage de son dévouement.
Toute la population du bourg a fait son devoir sous une pluie torrentielle, et l'incendie a pu être éteint après deux heures de temps. Tout le toit de la maison, avec le deuxième étage, y a passé. Les pertes sont considérables. La maison appartient à M. Le Moign père et est assurée à la Cie l'Union. Le mobilier personnel de M. Le Moign fils est également assuré. » |
 |