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3 article(s) cite(nt) le village de Kerguillé , en Crozon |
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Poursuite enragée de Morgat à Kerloc'h. |
18/11/1916 |
n° 2258 |
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Nouvelles départementales |
CROZON
Méfaits de la rage. — Jeudi dernier, M. Lannou, médecin-major, en convalescence à Morgat prévenait la gendarmerie que son chien venait d'être mordu par un autre chien qu'il croyait enragé. Peu après, Mme Roudot, cultivatrice à Kervéron, venait dire que le même chien venait de mordre au naseau sa jument d'une valeur de 1.500 francs.
Les gendarmes se mirent aussitôt à la recherche de l'animal enragé, et apprirent qu'au village de Kerguillé il avait mordu trois vaches et un chien. L'ayant découvert près d'un tas de paille à Goulien, ils lui tirèrent des coups de revolver.
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Blessé, le chien bondit, voulut mordre le cheval du gendarme Monfort, et prit la fuite à travers champs ; en sortant du village il mordit un chien et une vache ; arrivé sur la route de Camaret, au bas de la côte de Kerloc'h, il rencontra trois vaches qu'il mordit également.
Finalement, il se réfugia dans une maison du village de Kerloc'h où le gendarme Jeanne lui tira un coup de fusil et l'acheva d'un coup de fourche.
Après autopsie, le chien a été reconnu atteint de la rage ; son propriétaire est inconnu. |
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article issu de : Le Progrès du Finistère (Quimper)
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Orgie sur le Cap de la Chèvre. |
01/12/1928 |
n° 2904 |
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Arrondissement de Châteaulin |
DANS LA PRESQU'ÎLE DE CROZON
Jetés à la côte, 13.000 litres de vin en fûts font l'objets d'un pillage en règle
UNE TRENTAINE D'INCULPATIONS
Les madriers de l'Amazon, les caisses, sacs et ballots de l'Amiral Ponty ne furent pas les seules marchandises précipitées dans les flots, dans nos parages, lors de la récente tempête, soit que la violence des lames les aient désarrimées, soit que le danger ait contraint l'équipage à s'alléger d'autant.
Dimanche, de nombreux fûts de vin étaient jetés à la côte entre la pointe de Dinan et le cap de la Chèvre, dans la presqu'île de Crozon.
Aperçu
Il faisait un temps épouvantable. Soufflant en ouragan, le vent avait fait déserter les maigres cultures du plateau qui domine le rivage, obligeant par surcroît la population à consolider ses meules, voire çà et là, de légères toitures dont bon nombre allaient d'ailleurs être emportées.
L'état de la mer, dont les lames blanchissaient constamment les écueils, dont les vagues déferlaient avec fracas sur les rochers, ne pouvait cependant laisser indifférents les riverains, pêcheurs plus qu'ils ne sont cultivateurs.
Et c'est ainsi que la nouvelle se répandit dans tous les villages : partout, sur la côte, des fûts de vin. La nuit commençante allait permettre un pillage en règle.
Munis de bouteilles, de brocs, de seaux, de lessiveuses même, hommes et femmes se dirigèrent vers la grève, non sans s'être armés des instruments nécessaires pour percer les énormes barriques : des demi-muids de 600 litres, dont on avait dénombré une vingtaine.
Une orgie
Tout se passa d'abord dans le calme. Mais le vin était bon; on l'avait goûté; on y était revenu et bientôt ce furent de regrettables scènes, comme devait en témoigner une passante, revenant d'un enterrement à Camaret.
Les récipients remplis, on s'était disputé autour des fûts. Tel qui ne pouvait approcher à son gré de l'un d'eux, l'avait renversé. Une bataille avait suivi; des coups de bouteilles, de seaux, de tout ce que les pillards avaient sous la main.
Les femmes n'étaient pas les dernières à l'ouvrage, vaquant avec ardeur cet approvisionnement gratuit.
Puis, transportant leur butin, les chapardeurs avaient regagné leurs villages.
L'alerte
Une conversation surprise par le garde maritime Le Doaré, de Morgat allait déterminer une enquête sur ce pillage, dont l'importance allait être dévoilée. Saisi d'une plainte de l'administration de la marine, frustrée par les vols d'épaves ainsi commis, le parquet de Quimper alertait la brigade de gendarmerie de Crozon, tandis que, parallèlement, l'administration des douanes faisait rechercher dans quelle mesure les droits qu'elle prélève sur toute marchandise entrant en France avaient, en la circonstance, été fraudés.
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L'enquête
Menée avec la rapidité que comporte le cas — il fallait obtenir des révélations avant qu'un mot d'ordre ne vînt clore les bouches — l'enquête de la gendarmerie amena une trentaine d'inculpations consécutives, pour la plupart, des dénonciations.
— Je reconnais avoir pris du vin, disaient, en effet, certains, mais Untel mon voisin, en a pris aussi.
Presque tous les villages situés entre la pointe de Dinan et le cap de la Chèvre avaient été représentés au pillage : Kersiguénou, Goulien, Kernavéno, Kerguillé, Dinan, Kergonan, Keréon, Kernalléguen, Lostmarc'h, La Palue, Lesteven, etc.
Découvertes
Les coupables s'étaient bien gardés pour la plupart, de conserver à domicile le produit de leur pillage. Mis en bouteilles, en tonnelets, en toutes sortes de récipients, ils avaient enterré dans le champ ou caché dans des fourrés leur butin dont les gendarmes allaient en découvrir une partie : quelque 400 litres.
L'honnêteté mal récompensée
Quelques riverains cependant s'étaient comportés comme le veut la loi. Ils avaient signalé à M. Kerébel, syndic des gens de mer, avoir découvert des fûts sur la plage.
Mais, le temps de se rendre aux endroits indiqués, et l'on ne trouvait plus rien.
La provenance des fûts
On ignore encore la provenance des vingt-deux demi-muids dont le contenu disparut dans les circonstances que nous venons de relater et dont la valeur dépasserait, à en croire certaines-personnes compétentes, la coquette somme de 50.000 francs. Faisaient-ils partie de la cargaison d'un navire naufragé ? Constituaient-ils la « pontée » d'un de ces nombreux cargos qui font le cabotage d'Algérie en France ? On penche pour cette dernière hypothèse. On croit même pouvoir préciser que ces fûts venaient d'Oran, à destination de Dunkerque.
Un bon exemple
Tandis que l'extrême pointe de la presqu'île crozonnaise était le théâtre de ce regrettable pillage, un fût de vin, déposé par la mer près du Conquet, était aussitôt déclaré par son « inventeur » et l'on procédait peu après, à sa vente aux enchères.
Péniblement — on semblait s'être donné le mot — celles-ci avaient atteint la somme de 105 francs; elles ne paraissaient pas devoir monter davantage lorqu'intervint un fonctionnaire de l'endroit qui offrit 150 francs du demi-muids et en devint l'adjudicataire. Cette somme était bien au-dessous de la valeur de la marchandise ainsi acquise, que notre fonctionnaire revendit peu après avec un profit de 175 francs qu'il versa à la Caisse des invalides de la Marine.
P. B. |
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article issu de : La Dépêche de Brest
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Les grapilleurs de Crozon au Tribunal de Quimper. |
22/03/1929 |
n° 2973 |
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Arrondissement de Quimper |
QUIMPER
TRIBUNAL CORRECTIONNEL
[...]
Chez les grapilleurs de grève
Treize mille litres de vin en fûts avaient été jetés à la côte, les 25 et 26 novembre, entre la pointe de Dinan et le cap de la Chèvre. La population de cette partie de la presqu'île de Crozon et notamment celle des villages de Kersiguénou, Goulien, Kernavéno, Kerguillé, Dinan, Kergonan, Keréon, Kernaléguen, Lostmarc'h, La Palue, Lesteven, fit, on le sait, le meilleur accueil à cette aubaine. Vingt-deux demi-muids de 600 litres chacun ! Voilà, n'est-ce pas, une occasion irrésistible de se désaltérer. Cinquante mille francs de vin sur la grève, où on ne trouve à l'ordinaire que du goémon...
— C'est curieux, dira le président. Vous êtes là inculpés par dizaines et à vous entendre personne n'a touché à ce vin. Il a pourtant été bu par quelques-uns ? C'est qu'en effet chacun des inculpés se défend d'avoir touché au pinard. Parmi les vingt premiers interrogés, on n'obtient que des réponses négatives. Tout à coup, un inculpé consent à avouer qu'il en a bu un litre...
« — La franchise aura sa récompense, déclare le président : il y aura de l'indulgence pour les aveux. »
Et à partir de ce moment, comme par enchantement, les autres voulurent bien reconnaître leur participation au grapillage. Il y avait d'ailleurs là une manière d'accusateur public qui, compromis lui-même, semblait bien décidé à entraîner les autres dans les sanctions fatales.
— Si, tu as bu du vin !
— Non.
— Si, on en a vidé un fût dans ta cave.
Mais il y eut mieux. François Lescop, cultivateur, interrogé par le président, hésita un moment entre le oui et le non, et, finalement, haussa les épaules avec un geste de la main qui signifiait : « Je n'en sais rien ! »
Après plaidoirie, le tribunal met l'affaire en délibéré.
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Les inculpés sont : Pierre Boucharé, 61 ans, cultivateur; Corentine Tanniou, femme Bargain, 33 ans, cultivatrice; François Lescop, 56 ans, cultivateur; François Moudenner, 32 ans, marin-pêcheur; Joseph Boucharé, 30 ans, marin-pêcheur ; Jean Meillard, 25 ans, marin-pêcheur; Françoise Kermel, femme Le Bloas, 43 ans, cultivatrice; Jean Daniélou, 49 ans, marin-pêcheur; Jean Guéguéniat, 64 ans, marin-pêcheur; Jean Kermel, 33 ans, marin-pêcheur; Jean Boucharé, 25 ans, marin-pêcheur; Jean Ferrec, 33 ans, marin-pêcheur; Bernard Sénéchal, 50 ans, marin-pêcheur; Pierre Lespagnol, 41 ans, cultivateur; Hervé Le Moing, 63 ans, cultivateur; Marie Le Moing, 28 ans, cultivatrice; Alain Menesguen, 18 ans, marin-pêcheur; Bernard Guéguinou, 33 ans, marin-pêcheur; Bernard Daniélou, 28 ans, marin-pêcheur ; Joseph Kerjean, 19 ans, cultivateur; Jean Lagadic, 46 ans, cultivateur ; François Binet, 42 ans, cultivateur; Pierre Gourmelen, 31 ans, marin-pêcheur; Emile Sévellec, 37 ans, cultivateur; Jean Lespagnol, 22 ans, maçon ; François Fer, 49 ans, chiffonnier; Alain Kerjean. 65 ans, cultivateur; Jean Drévillon, 67 ans, cultivateur; Mathieu Morvan, 65 ans, cultivateur; Eugène Daniélou, 22 ans, marin-pêcheur ; Bernard Quintric, 33 ans, marin-pêcheur; Jean Rolland, 25 ans, maçon; Joseph Rolland, 27 ans, meunier; René Ferrec, 35 ans, cultivateur; Laurent Sévellec, 55 ans, cultivateur; Mathilde Derrien, 23 ans, cultivatrice; Pierre Kermel, 67 ans, cultivateur; Joseph Palud, 52 ans, marin pêcheur; Joseph Drévillon, 41 ans; marin pêcheur; Jeanne Drévillon, 26 ans, cultivatrice; Pierre Cornec, 60 ans, retraité: Pierre Kermel, 40 ans, marin pêcheur; Scolastique Kermel, 23 ans, cultivatrice; Jean Morvan, 23 ans, marin pêcheur; Jean-Pierre Stéphan, 35 ans, marin-pêcheur; Jean-Marie Guédès, 44 ans, manœuvre; Jean Boucharé, 58 ans, cultivateur; Yves Garo, 33 ans, cultivateur, tous de Crozon. |
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article issu de : La Dépêche de Brest
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